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Délphine Mazeau
Dir Com Ogilvy

INTRO

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Les 12 trafics interviewées : Shanice Roÿs – Hungry&Foolish. / Melanie Coupey – Rosa Paris / Virginie Fruchard – DDB. / Caroline Mulot – Saatchi&Saatchi / Nassima Tsizaza. – Publicis Conseil. / Elise Herfort – BETC / Sarah Pachter – Ogilvy. / Stephanie Renoir-Mousli – VML / Eve Bussy – Havas Paris / Melodie Hardy – Rosbeef Constance Chauveau – BETC / Fatirah Bouaziz – TBWA

Cet article fait partie de la série sur les métiers autour de la création, vous y trouverez   C’est qui les RP ?   et.  C’est qui les Planneurs ?  ainsi que. C’est qui les Planneurs ? #2,  il faut que je remette sur C’est qui les TV prod ?…

« ils m’ont demandé de faire traduire leur campagne en turc pour l’envoyer au Festival d’Istanbul « 


Virginie Fruchard ●
DDB

 

Bonjour, comment tu en es arrivé à ton poste actuel  ?
Je suis sortie du lycée et ai entamé un BTS Action Commerciale. J’ai ensuite intégré l’ISCOM option Chef de Pub. À la fin de la première année, il fallait faire un stage de 3 mois. J’ai commencé chez Pauline PODOLIER, acheteuse d’arts indépendante. Ca s’est pas très bien passé, j’ai donc changé et suis arrivé au Trafic / Achat d’Art, avec Mélanie Coupey, chez Ailleurs Exactement (à l’époque), racheté par GYRO quelques année plus tard.
À la suite de ce stage un CDD m’a été proposé, pour remplacer Mélanie qui allait partir en congés maternité. À la fin de mon contrat en 2005, j’ai candidaté chez DDB, et me voilà arrivée pour une belle et longue aventure. J’étais l’assistante et la traffic de Sylvain Thirache et Alexandre Hervé.
Je me suis absentée le temps d’une grossesse  et fait un saut de puce chez We Are Social en tant qu’assistante de direction de Sandrine Plasseraud, avant de réintégrer DDB en janvier 2016
Depuis 2016, je travaille avec Alexander Kalchev, Directeur de la création, récemment devenu président.
Le 4 avril prochain, je fêterai mes 20 ans chez DDB

Ça donne quoi une journée type de trafic en agence pour toi ?
Tout d’abord un peu de contexte car c’est différent dans chacune des agences : Nous sommes 2 au traffic chez DDB aujourd’hui (fut un temps nous étions 5)

La journée commence de bonne heure, un choix de ma part pour travailler au calme et organiser les choses avant la tempête.
Le bureau du traffic connait beaucoup de passage chez nous.

Une journée type ? pas certaine que ça existe mais dans les grandes lignes ça peut donner ça :
Ça commence par une overview de la journée de nos directeurs de création, on fait le point avec eux et on change les priorités si besoin.
Ensuite on passe en revue tous les sujets en cours et on organise ce qu’il faut pour que le taf avance : définition des urgences de la journée, ajustement des plannings de travail si nécessaire, mise en place de ressources (humaines et matérielles).
Tout au long de la journée, nous faisons face à des imprévus : créatifs malades/absents, changement de brief, date de présentation client avancée ou reculée, organisation d’un tournage à l’improviste, retard/annulation de réunions qui impliques une cascade de modifications

Une anecdote de métier à partager ?
Lorsque je suis arrivée chez DDB, en 2005, je pense que j’étais arrivé depuis 2 semaines, quand Veret-Sounillac (Alex & Fred de leurs prénoms) m’ont demandé de faire traduire leur campagne Stihl en turc pour l’envoyer au Festival d’Istanbul… Autant vous dire que quand je suis arrivée dans le bureau d’Alex & Sylvain pour les en informer, ils se sont bien foutus de ma gueule….
Il y en a certainement d’autres situations plus cocasses, mais je crois que c’est celle qui m’a le plus « trauma ».
Alex, Fred, je vous embrasse.

Ce métier a changé ces dernières années ?
Oui beaucoup. Chez DDB, lorsque nous étions 5 au traffic, nous assistions aux PB (réunion de présentation interne, de la création, par les créatifs, aux commerciaux). Ce qui permettait de bien suivre les sujets et de tout mettre en place pour aller jusqu’à la prez client sans encombre.
Nous mettions immédiatement en place les ressources nécessaires en comprenant les tenant et les aboutissants.
Par la force des choses, les créatifs sont devenus plus autonomes et les commerciaux plus responsables.

Aujourd’hui, nous allons moins au fond des sujets en eux-mêmes. Nous sommes plus proches des ressources humaines. Nous réfléchissons plus à une organisation globale qu’a une organisation par sujet.
Ce changement est essentiellement dû à l’arriver du Social Media.
Ces campagnes sont à réfléchir et sortir vite, il y a un peu ou pas de planning de travail ou de prod a respecter. Sur ces campagnes, notre rôle s’arrête quasiment à de l’attribution d’équipes.

Un conseil pour bien bosser avec vous ?
Faire preuve de bon sens, avoir une intelligence humaine, il faut être force de proposition et avoir une intelligence sur le métier, le trafic est selon moi la personne qui a le plus de recul sur les situations entre les créatifs et les commerciaux, qui ont tous, la tête dans le guidon.
Il faut être curieux et chercher à comprendre les volontés, objectifs et besoins de tous.
Il faut être patient, résilient et serein.

– Shanice –

« vérifier ses spé tech avec une règle sur l’écran son ordinateur »


Shanice Roÿs
Hungry&Foolish

 

Bonjour, quel a été ton parcours étudiant/pro ?
Salut ! J’ai fait médiation culturelle à La Sorbonne, entre les cours Simon et ma passion pour les lieux d’art, l’envie de pouvoir être moteur d’une action artistique a tout de suite grandi en moi. J’ai dès ma première année de fac monté mon asso, organisé des évènements (ou plutôt des happenings créatifs comme je disais à l’époque) où j’invitais des artistes à se produire (artiste peintre, musicien, acteurs performer) dans des lieux publics pour revendiquer l’accessibilité à l’art pour tous ! C’était génial ! J’ai terminé mes études en faisant mon stage à la galerie Lelong.

Après ce fût le moment de trouver un travail, je me suis tournée tout naturellement vers une agence d’événementiel mais très vite j’ai eu la joie d’être maman et l’event ne correspondait plus à ma vie personnelle.
Je me suis donc inscrite dans une agence de Freelance, Creative Link, et ils ont pu me conseiller et proposer un free chez BETC en tant que trafic créa. Au regard de mon parcours et de mes compétences c’était un rôle qui m’allait comme un gant !
La chance aussi, était que je le connaissais bien ce rôle et je pense que c’est là ou tu veux en venir Greg 😀

Ta mère, qui était aussi trafic, a influencé ton choix ?
Après ces quelques mois en Freelance chez BETC, la satisfaction d’avoir bien fait rouler les projets en respectant les process, avoir mis les bonnes personnes au bon moment au bon endroit à mon échelle me comblait professionnellement.
Ma maman m’a sûrement influencé car une maman est toujours un modèle ! Mais en réalité être trafic n’a jamais été un objectif, ce fût un concours de circonstances on va dire et au fur à me mesure des mes expériences et rencontres cela a pu se confirmer.

Ça donne quoi une journée type de trafic en agence pour toi ?
J’organise le trafic de façon hebdomadaire donc c’est plutôt les journées types et le jeudi c’est Worklist Day évidemment !
Je trouve du temps pour échanger avec tous les créatifs plutôt en début de semaine et avec les commerciaux plutôt en fin de semaine pour schématiser.

Une anecdote de métier à partager ?
Ce que j’aime dans ce métier, ce sont les connexions qui mènent à des moments de créations, des moments humains. Alors c’est tout ça que j’aimerais raconter plutôt qu’une anecdote mais j’ai quand même bien rigolé lorsqu’un j’ai pu voir un jeune DA vérifier ses spé tech avec une règle sur l’écran son ordinateur hihi.

Ce métier a changé ces dernières années ?
Le métier de trafic a évidemment suivi l’évolution qu’à connu le monde de la publicité et de la communication au sens large.
Les logiciels de planification par exemple sont tellement plus ergonomiques et plus collaboratifs. Terminé les envois de planning avec des « j’annule et remplace » sans plus finir. J’ai connu l’époque où l’on présentait les doc de prez client collés sur un kadapak 🙂

J’observe aussi depuis ces dernières années que d’un rôle réservé à l’assistanat du directeur de la création le métier de trafic s’est élargi à l’organisation plus globale de l’entreprise. Pour répondre à une demande de rationalisation des coûts de plus en plus présente, le trafic s’est rapproché de la gestion des découpages budgétaires d’une agence. Je trouve cependant que le trafic est toujours resté une figure maternelle à la créa.
Etant un métier très féminin c’est peut être aussi à mettre en corrélation avec le chemin de l’émancipation de la femme ? Une trafic création qui devient directrice des opérations a tout son sens de nos jours !

Un conseil pour bien bosser avec vous ?
Bien bosser avec nous c’est bien bosser pour vous ! Mon métier : Facilitatrice !
Je pense qu’être à l’aise avec nos process et donc les respecter est une bonne piste.
Et pour tous les profils créatifs, je pense qu’une transparence sur leurs compétences, appétences et temps passés est la clef !

– Shanice –

« j’ai cru en MySpace, j’ai proposé des idées sur Second Life »


Corentin Monot ●
Accenture

Bonjour, comment tu en es arrivé à ton poste actuel  ?

Tout a commencé un jour de novembre à Londres, au 38 Jermyn Street pour être précis et pour les élégants qui lisent ces lignes.
J’avais accepté depuis quelques années mes limites athlétiques, et j’avais donc fait une croix sur une carrière sportive pro…
Ce jour-là, une amie d’amis d’amis, avait gentiment envoyé mon CV créatif au patron du planning d’AKQA pour un stage.
Ils n’avaient jamais eu de stagiaire, je ne connaissais pas vraiment le digital, ni AKQA d’ailleurs et j’avais un niveau d’Anglais que nous pourrions qualifier de scolaire…
J’ai passé un entretien devant 3 planneurs et contre toute attente ils m’ont pris.
On était au début du siècle et j’ai abordé ce stage avec la foi des nouveaux convertis. J’ai écrit pleins de présentations, d’articles de blog, sur la mort des agences traditionnelles, la fin du 30 secondes, l’essor du digital, j’ai cru en My Space, j’ai proposé des idées sur Second Life, des expériences en Flash qui ne tournait que les bécanes des dev…
Bref j’ai vécu à l’heure de l’insouciance digitale. En un week-end l’agence avait recruté 50 personnes avec le gain de Coca pour le monde.
J’ai rencontré mon mentor, Saher Sidhom, là-bas. Il parlait en aphorismes et en métaphores pendant les présentations. Je ne comprenais pas tout mais je trouvais ça assez classe.
Le jour de son départ de l’agence il m’a donné une feuille avec trois conseils :

– Control the crap.
– You are what you edit.
– If you want to write better, read more.

Je vous laisse méditer.

A la suite de cette première expérience, je suis resté en Angleterre quelques années, j’ai travaillé chez Duke à Londres puis chez The Brooklyn Brothers en tant que troisième employé. George Bryant, CSO d’AMV BBDO montait son agence. Je l’avais rencontré lors de l’APG training network (formation des jeunes planneurs par l’APG), il m’a embauché.
J’ai énormément appris pendant cette période, tout le monde bossait autour d’une table commune, créatifs, planneurs, commerciaux, techs… On avançait ensemble sur les sujets, sans process avec beaucoup de fluidité. Quand j’ai quitté l’agence, on avait gagné Range Rover et il y avait 150 personnes.

De retour en France, à la naissance de mon premier enfant, j’ai décidé de me rapprocher de la strat de marque. Je ne voulais pas être cantonné aux déclinaisons digitales. J’avais commencé cette transition chez Brooklyn Brothers et je voulais aller plus loin.
J’ai donc suivi les conseils de mes mentors Anglais, le planning doit se vivre dans la durée et pas avec des coups.
J’ai été embauché comme planneur senior chez TBWA. J’y ai bossé pendant 5 ans sur Cetelem, SNCF, McDo avec le personnage Happy et Michelin.

Pendant mon expérience chez TBWA, j’ai commencé à encadrer des planneurs juniors, j’ai beaucoup aimé transmettre et les aider autant que faire se peut, je suis quand même fils de prof. J’ai donc accepté un nouveau challenge par la suite, je suis devenu directeur du planning chez CLM BBDO. J’ai terminé ce chapitre en tant que Directeur Général en charge des stratégies.

Pendant toutes ces années, j’ai essayé de remonter le plus possible en amont sur les sujets pour ne pas les traiter par un bout, par un fragment, par une discipline mais pour résoudre « le vrai problème. »
Je me suis alors naturellement intéressé à une agence qui se développait, qui en rachetait d’autres et dont le modèle, à l’intersection de la technologie et de la créativité, me parlait beaucoup. J’ai rejoint Accenture Interactive fin 2019.

Au quotidien tu fais quoi dans ton agence ?

Trois choses principalement.
Structurer et lancer notre agence créative.
Développer les opportunités business.
Résoudre les problèmes stratégiques de nos clients.

Tu as une anecdote / souvenir à partager ?

En 2006, à l’apogée des blogs de planning, j’ai pris part à L’Account Planning School of the Web de Russell Davies, alors directeur du Planning de Wieden+Kennedy.
Son brief était : pouvez-vous trouver un meilleur nom à la mer du Nord ?
J’ai alors tenté une strat avant-gardiste, j’ai mis le cap sur le purpose.

J’ai proposé : Pelamis Sea, comme nom.

Pelamis Wave Power était le nom d’une innovation qui cherchait à créer de l’électricité à partir des vagues de la mer du Nord.

Le Pelamis est aussi un serpent géant dans la mythologie grecque j’ai donc post-rationnalisé une histoire autour du Loch Ness…

J’avais réussi, j’étais sélectionné par Russell parmi les 5 finalistes.
Mon expérience en agence digitale fit le reste. J’arrivais à contourner les Cookies pendant le vote sur le blog et je triomphais largement.
Depuis lors, je suis l’heureux propriétaire d’un exemplaire signé de Blink par Malcolm Gladwell.

https://russelldavies.typepad.com/planning/2006/05/now_called_the_.html

Tu peux citer 5 trucs que tu kiffs (en dehors du taff) ?

Jonah Lomu marchant sur Mike Catt lors de la demi-finale All Black – Angleterre pendant la coupe du monde 1995.

Miguel Indurain fendant l’air sur l’Espada pendant le tour 1994.
(D’aucun me diront que les années Indurain étaient ennuyeuses, c’est vrai mais je n’ai pas choisi de naitre dans les années 80…)

Faire du vélo en écoutant des livres audio. Je me suis longtemps demandé comment rentabiliser les heures passées à pédaler, j’ai trouvé. J’écoute les classiques que je n’avais jamais lus (même si j’ai toujours prétendu l’inverse)

François Sureau. J’aimerais lui ressembler quand je serais grand, mais malheureusement, je ne suis pas hypermnésique.

Observer les trolls sur Twitter. 

D’après toi, comment ton métier va évoluer dans les années à venir ?

Je suis plutôt tradi sur ce sujet. Ce n’est pas le métier qui change, mais le contexte qui nous entoure. Les principes de Pollitt et de King sont toujours aussi modernes, toujours autant d’actualité.
La base du planning ne change pas. On analyse un marché, des marques, des concurrents directs ou indirects, comme le dit Jon Steel « on cherche le bon problème à résoudre », celui qui crée de la croissance pas celui qui fait plaisir. Puis on transforme toute cette matière première en brief et en inspiration tant pour le message que pour ses déclinaisons.
Ça, ça ne doit pas changer.
On a tendance à confondre les évolutions de la société, les évolutions technologiques, la fragmentation des médias… et l’évolution d’un métier.

Le planning ça m’intéresse, je fais quoi ?

Je m’assure d’être solide sur mes fondamentaux : esprit de synthèse, culture générale, empathie, pensée créative…

Je lis les fondamentaux : Jon Steel, John Grant, Paul Feldwick, Mark Earls, Adam Morgan, Byron Sharp, Binet&Field… J’évite vraiment de lire des livres de strat et de business aujourd’hui mais je pense qu’avoir lu ces ouvrages tôt dans ma carrière m’a aidé à structurer ma pensée. Vous voulez savoir si vous allez vraiment aimer le planning ? Lisez la première moitié de Truth, lies and advertising.

J’essaye de rencontrer des planneurs pour parler avec eux. La plupart du temps ces gens sont délaissés, bien amené, je suis certain que les portes s’ouvriront.

Je me sers des stages pour connaitre le métier de l’intérieur et les différentes cultures des agences.

– Corentin –

« le cœur du métier de planneur, lui, ne changera sans doute pas (comprendre les gens, leurs besoins, leurs attentes). »


Benoit Clavé
Romance

 

Bonjour Benoit, comment es-tu arrivé à ton poste actuel ?

Si je remonte le fil (et que je voulais écrire une belle histoire cohérente), je dirais que l’envie de faire du planning a germé lors d’un cours que j’ai eu au collège, au cours duquel notre prof nous a fait étudier une publicité. Mais l’épiphanie, la vraie, a eu lieu dans une université aux États-Unis, au cours de la 3e année de mon cursus à Sciences Po Aix. C’est là que j’ai découvert le mot insight.

À partir de ce moment-là, j’ai contacté pas mal de planneurs pour leur parler de leur métier et… j’ai tenu un blog (oui, ça se faisait encore à l’époque) dans lequel je racontais les pubs qui me plaisaient, les articles que je trouvais intéressants. Personne ne le lisait, même pas mes parents, mais je pense que ça m’a aidé à me démarquer lors de certains entretiens. Et puis j’ai rencontré Guillaume et Ghislain qui m’ont offert mon premier stage chez Marcel (🙏🏼). À partir de ce moment-là je n’ai plus quitté le planning : 4 ans et demi à grandir chez Marcel, FF et maintenant Romance. Trois agences différentes qui m’ont appris une manière différente de faire du planning.

Au quotidien tu fais quoi dans ton agence ?

Je fais tout mon possible pour que le business des marques pour lesquelles je travaille soit en croissance.
Que les créatifs soient inspirés.
Et que les planneurs de l’équipe grandissent et continuent à prendre du plaisir à venir travailler tous les matins.
Et parfois j’y arrive.

Tu as une anecdote / souvenir à partager ?

Ça faisait quelques semaines que je travaillais chez Fred&Farid, quand un jour Farid m’envoie un Wechat pour me parler d’une offre qu’il souhaitait lancer. Pleine période de Noël, personne à l’agence. Je monte une première présentation, que je lui partage. Ça se passe plutôt bien. Après quelques modifications, satisfait, je me dis que le sujet en restera là.
Sauf que, deux jours après il m’appelle et me dit que l’après-midi même, il va voir Sébastien Bazin, le PDG du groupe Accor et qu’il faudrait que je vienne présenter le deck. Je débarque, à 27 ans, au dernier étage de la tour Accor, dans un bureau immense, avec à mes côtés Farid et en face un mec qui pèse plus d’un milliard.

Au-delà de cette histoire – qui n’a finalement rien donnée -, c’est une belle démonstration de ce que j’aime le plus dans ce métier : la possibilité d’avoir accès à des gens fascinants, qui grâce à leur expérience, grâce à leur poste ou tout simplement leur intelligence, te font voir les choses sous un angle complétement nouveau.

Tu peux citer 5 trucs que tu kiffs ?

Expliquer à mes parents ce que je fais dans la vie.
Expliquer à mes amis ce que je fais dans la vie.
La flûte traversière.
Nice.
Et compter jusqu’à 5.

D’après toi, comment ton métier va évoluer dans les années à venir ?

Cette dernière année nous a démontré que la seule chose qui était sure, c’est que prévoir ce qui va se passer dans un futur plus ou moins proche relevait plus du hasard que de la perspicacité. Mais si je me risque à l’exercice :

Le futur nous amènera peut-être vers une segmentation encore plus forte entre les grosses agences qui deviendront des experts de la data, et – je l’espère – de plus petites agences qui continueront de vendre leur force créative. Une petite frange d’irréductibles qui continuera à démontrer que la meilleure arme pour faire croitre le business de nos clients, reste la créativité (team Les Binet). Mais le cœur du métier de planneur, lui, ne changera sans doute pas (comprendre les gens, leurs besoins, leurs attentes). Cette segmentation, en revanche, entraînera davantage de spécialisations et la manière d’exercer le métier différera encore plus selon le type d’agence choisie.

Ou pas.

Le planning ça m’intéresse, je fais quoi ?

Je regarde des pubs en petit-déjeunant, en me brossant les dents, en prenant métro… en ayant toujours en tête la même question : c’était quoi le problème ?
Et lorsque j’en ai marre : je lis. Les cas du CPS, des EFFIE, de l’APG entre autres.

Mais surtout, j’irai parler à un maximum de planneurs. Pas forcément pour leur demander un taff (hélas, il n’y en a pas beaucoup), mais pour discuter de leur métier, avoir leurs conseils, et tout simplement rencontrer du monde. On est une petite famille, finalement.

Tu peux conseiller des livres sur le planning ?

Voici de grands standards :  

  • Eat your green (Snijders)
  • How not to plan (Binet & Carter)
  • 100 things every designer needs to know (Weinschenk)
  • How brand grow (Sharp)
  • Strategy is your Words (Mark Pollard)

– Benoît –

 » Je me suis intéressé assez tôt aux mots – pas forcément les grands, plutôt les petits rigolos que j’entendais à la radio »


Guillaume Martin
Oliver

Bonjour Guillaume, comment es-tu arrivé à ton poste actuel ?

J’aimerais pouvoir te dire que je suis arrivé dans la publicité par le plus grand des hasards, repéré par une légende du métier alors que j’étais G.O. à Punta Cana, ou confié par mes parents désespérés à un oncle directeur de création chez DDBO (à moins que ce ne soit TWA ?) Mon parcours est moins romantique. Je me suis intéressé assez tôt aux mots – pas forcément les grands, plutôt les petits rigolos que j’entendais à la radio. Mais j’étais déjà lancé sur l’autoroute du non-choix, la fameuse voie généraliste. Bac scientifique, classe préparatoire et école de commerce, où mes velléités publicitaires ont été mises à l’épreuve dès le premier jour, quand un professeur de l’ESCP nous a demandé ce qu’on voulait faire plus tard, avant de nous projeter un camembert avec les salaires par métier, sous les rires satisfaits des auditeurs en herbe.

Quant à mon ambition de devenir rédacteur, ce sont les stages qui l’ont ébranlée. Loin d’imaginer qu’on pouvait présenter un book sans trop savoir dessiner, j’ai postulé chez BETC, où on m’a placé au service commercial, et beaucoup demandé de qui j’étais le fils. J’ai ensuite officié au service stratégie publicitaire chez Renault, et assisté avec grand intérêt à des présentations par les planners de Publicis, qui m’ont finalement accueilli sur les Champs-Élysées pour mon stage de fin d’études. J’ai signé mon premier vrai contrat de planner chez Ogilvy, où j’ai passé sept ans, avant d’entamer une tournée des acronymes chez D, D, B, B, B, D, O, B, E, T et C. J’ai rejoint Oliver (dont le fondateur ne s’appelle pas Oliver) en 2021.

Au quotidien, tu fais quoi dans ton agence ?

Je suis Directeur Général et Chief Strategy Officer d’Oliver, qui se consacre exclusivement à la création et la gestion d’agences intégrées et dédiées aux marques, pour qui nous créons et produisons du contenu marketing (publicité, social media, CRM, sites web, apps, etc.) Ce modèle « in-house » se développe très rapidement en France, avec tous les bénéfices de transparence, de flexibilité, de compréhension de la marque et bien sûr d’optimisation des coûts qu’il apporte.

Mon rôle est de nourrir cette croissance et de la rendre la plus harmonieuse possible, en trouvant les meilleurs talents, en accompagnant nos clients dans l’implémentation du modèle, en développant une culture interne, en collaborant avec les autres expertises du groupe You & Mr Jones et bien sûr en travaillant au quotidien avec toutes nos agences sur la réflexion stratégique et créative. La fameuse voie généraliste.

Tu as une anecdote / souvenir à partager ?

J’ai vécu le fiasco de Knysna de l’intérieur, alors que je travaillais pour la Fédération Française de Football. Avec beaucoup d’informations confidentielles et quelques moments de solitude, comme quand j’ai dû aller exposer ma recommandation (ne plus montrer les joueurs pendant un moment) à des partenaires ayant aligné beaucoup de zéros pour utiliser leur image. Jamais inutile de se voir rappeler sa position de petit connard de publicitaire.

Tu peux citer 5 trucs que tu kiffes  ?

J’aime être sur l’eau. Sur toutes sortes d’embarcations de 2 à 10 mètres. Ça fait bien plus que 5 trucs à kiffer.

D’après toi, comment ton métier va évoluer dans les années à venir ?

La technologie va se mettre au service du marketing. Les scripts pondus par les intelligences artificielles seront toujours aussi nuls (les grands créatifs peuvent dormir tranquille), mais de nouveaux outils nous permettront de produire une quantité toujours plus grande de contenus, plus rapidement, avec des process plus fluides. Nous aurons évidemment toujours besoin de planneurs pour garantir leur pertinence et leur fidélité à la marque. Mais nous aurons aussi besoin d’experts de la data, de l’UX, du e-commerce, de la blockchain, etc. qui travailleront tous ensemble, au sein d’une même entité, pour aider les marques à se transformer.

Le planning ça m’intéresse, je fais quoi ?

Prenez le temps de lire. Des ouvrages sur la publicité (Ogilvy, Bernbach, Philippe Michel, John Hegarty), le planning (Jon Steel, APG, CPS), l’efficacité (Les Binet et Peter Field, James Hurman), les marketing sciences (Byron Sharp), les sciences comportementales (Richard Shotton), le copywriting (D&AD The Copy Book, Luke Sullivan). Vous comprendrez comment naissent les idées, et comment les rendre plus efficaces.

Prenez le temps d’écrire. Et d’apprendre à ne faire aucune concession sur la structure, le choix des mots, la syntaxe, le rythme. Beaucoup vous trouveront pénibles, les autres vous remercieront de les avoir aidés à articuler leur pensée.

Construisez-vous une culture publicitaire (ça n’est inné chez personne). Vous ferez la différence en entretien et parlerez le même langage que les créatifs. Vous saurez que vous êtes sur la bonne voie quand on vous appellera pour retrouver la trace de « mais si, tu sais, une campagne pour une marque de voiture, anglaise je crois, avec un gars imbuvable au volant et on comprend à la fin que la marque se moque de la concurrence ».

– – –
(NDLR : voici 2 threads twitter de Guillaume qui compile un TOP 50 des meilleurs films de pub de tout temps :
Automobile : https://twitter.com/Guimartin/status/1206918221447802882
Bière : https://twitter.com/Guimartin/status/1280807602604171265)
– – –

Trouvez-vous un mentor, pour plusieurs années. Il fera tout pour vous voir grandir et devenir meilleur que lui.

– Guillaume –

« C’est souvent au cours d’une conversation qu’on va mettre le doigt sur l’insight qui peut faire la différence pour un client »

« il y a aussi ceux qui viennent me voir la veille : «  On peut décaler le PB !!!!!! » »


Caroline Mulot
Saatchi&Saatchi

 

Quel a été ton parcours étudiant/pro ?
Après un master 1 / Spécialisation management du marketing et de la communication, j’en avais marre des études et j’avais envie et besoin d’être autonome financièrement, ce qui tombait à pic puisqu’on m’a proposé un CDI après ma 1ière année en contrat pro chez DRAFT FCB en tant que trafic junior, j’avais acquis un peu d’expérience dans le domaine de la publicité puisque j’avais fait précédemment plusieurs stages chez Challenger House& Léo Burnett au cours de mes études, bon souvenir mais côté commercial moins fun, j’ai voulu donc me diriger vers la création et à cette époque : Patricia Prévet, un de mes mentors gérait le trafic, j’ai tout de suite sentie que ce métier était fait pour moi, j’admirais beaucoup cette femme par son tempérament , sa justesse et son côté humain, bienveillant.

Après 2 ans, j’ai quitté DRAFTFCB et j’ai été embauchée chez Publicis Conseil où j’ai fait mes armes, nous étions plusieurs trafics, j’ai aimé cette synergie, cette dynamique, l’entraide.
L’activité était dense, nous avions chacune nos directeurs de création et c’était très formateur, j’ai pris confiance en moi durant ces années et celà m’a permis de postuler pour un poste de responsable dans une autre entité du groupe et depuis … j’y suis toujours. Avec l’évolution du groupe et les fusions entre entités, j’ai atterri depuis bientôt 8 ans chez Saatchi&Saatchi où je suis très épanouie.

Ça donne quoi une journée type de trafic en agence pour toi ?
Faire, défaire, refaire…. Blague à part, notre quotidien est très rythmé par nos relances, les changements de plannings, des demandes ou retours clients non prévus ou non anticipés, des absences imprévues, des urgences, on doit avoir le sens de l’organisation et des priorités, on est une sorte de tour de contrôle, les journées ne se ressemblent jamais …. Chef d’orchestre, on tente de maintenir un rythme fluide et efficace de boulot, on centralise les informations pour améliorer la productivité et la rentabilité du service création par la redistribution des sujets par budget.
Nous avons un rôle d’interface entre les équipes commerciales, créatives et les différents intervenants, on participe à la définition des plannings de production de campagnes à partir des instructions des équipes commerciales et en fonction du plan de charge des équipes de création et de production.
L’aspect humain est primordial dans notre métier.

Une anecdote de métier à partager ?
Une anecdote sans parler des perles des créatifs serait mentir, on a la partie logistique, administrative chez certains créatifs qui est comment dire …. flou, trouble, inexistante … un vrai cas pratique pour certains lorsqu’ils doivent poser des jours mais qui se pointent à l’agence, il y a aussi ceux qui viennent me voir la veille : «  On peut décaler le PB !!!!!! » ( moi aussi je vous aime X&J ).
Les créatifs sont parfois sur tous les fronts, les relancer ou les aider en leur dégageant du temps lorsque c’est possible peut être un vrai casse-tête mais c’est primordial pour le bon fonctionnement

Ce métier a changé ces dernières années ?
Oui je trouve que c’est un métier dont on parle un peu plus dans les écoles de com, il y aussi des nouvelles agences indépendantes qui cherchent à recruter des trafics, il y a depuis quelques années, plus de turnover, des chasseurs de tête qui nous appellent, les dirigeants souhaitent une meilleure gestion des ressources, des talents et veulent mettre en place des vrais process avec des nouveaux challenges.
Le trafic est un métiér qui fait parti intégralement d’une agence de publicité, qui apporte des solutions, si tout le monde comprend son rôle et respecte les directives, le trafic peut améliorer de façon importante la synergie qui doit exister entre la création, la production et la cellule commerciale.

Un conseil pour bien bosser avec vous ?
Avoir le sens du relationnel et de l’organisation évidemment, garder un bon esprit pour maintenir une bonne synergie à la création. Écouter, sensibiliser…et avoir un bon sens de humour pour mieux faire passer les demandes (rires )
Il faut entendre et comprendre les problématiques de chacuns, arbitrer et trouver des solutions et parfois trancher et imposer des règles.
L’expression « Une main de fer dans un gant de velours « résume bien (me concernant) l’état d’esprit d’une trafic, du moins ce que m’ont appris mes mentors.

– Caroline –

 » Je garderai toujours en mémoire l’image de toute l’équipe hurlant de joie au moment de l’annonce »


Mélanie Coupey
Rosa Paris

Quel a été ton parcours étudiant/pro ?


Alors difficile de résumer plus de 20 ans de carrière en quelques lignes. Donc désolée c’est un peu long car pour moi toutes les étapes ont été importantes car c’est grâce à elle que je suis la personne que je suis aujourd’hui. 
Donc j’ai commencé par un Bac STT Communication puis un BTS Force de Vente en Normandie 
Je suis ensuite venue à Paris pour faire une école de commerce, l’ESG. Et c’est pendant ce cursus que j’ai découvert le monde de la Publicité en réalisant un stage comme assistante chef de pub, chez Eccla à Boulogne Billancourt. 

Mais très vite, je me suis aperçue que je n’avais pas une appétence pour le métier de commerciale. Je suis donc allée voir le service RH pour me conseiller et là, le verdict est tombé : « pour nous, tu es faite pour travailler au service Trafic et Achat d’Art » C’est comme ça que j’ai commencé à assister Anne-Sophie Lebrun. J’ai été très vite conquise pour ces métiers. Après 6 mois de stage, j’ai décroché mon diplôme et mon premier CDI.
Malheureusement, quelques mois plus tard, l‘agence Eccla a rencontré des difficultés économiques et ne pouvait plus me garder.

J’ai ensuite décroché un CDD de 6 mois puis un CDI chez Ailleurs Exactement comme Responsable Trafic et Achat d’Art. Je suis restée 5 ans et demi dans cette agence. Ce fut une incroyable aventure, il m’en reste aujourd’hui de véritables amis.
J’ai quitté Ailleurs Exactement pour une filiale d’Ogilvy mais en tant que Responsable Trafic. Je devais faire un choix entre le Trafic et l’Achat d’Art pour accéder à une grosse agence. 
Tous les matins pour aller aux locaux d’Ogilvy, je passais devant les bureaux de Publicis sur les Champs Elysées. Pour moi, c’était le graal.
Et l’incroyable arriva … Nathalie Cossart, responsable Trafic de Publicis Conseil, me téléphona pour me débaucher. 
J’ai évidemment accepté de rejoindre son équipe et accepté aussi de redescendre assistante trafic pour travailler à ses côtés. 
Après quelques mois une nouvelle structure dédiée à la communication 360 fut mise en place au sein de Publicis Conseil et je suis donc devenue Trafic de cette cellule. Structure dirigée par les DC, Florent Imbert et Emmanuel Lallevé.
J’ai passé une grosse année auprès d’eux et leurs équipes. 


Puis j’ai quitté Publicis Conseil pour Publicis Net – oui on reste quand même dans le même groupe et le même immeuble ;)
Comment je suis passée de Publicis Conseil à Publicis Net ? Un jour, des bruits de couloir disaient que Publicis Net cherchait une Responsable Trafic. Je vais donc voir Pascal Nessim, le Président de Publicis Net. Il me dit : « mais tu ne connais rien au digital ! »
Je lui ai dit : « oui c’est vrai mais laisse-moi la chance de faire mes preuves ». Et il accepta ! 
Et voilà, ma grande aventure au côté de Pascal Nessim commença en 2010 et s’arrêtera en 2023 (ok j’ai fait un petit bond chez DDB où j’ai eu la chance de travailler auprès d’Alexender Kalchev)
Donc 13 ans chez Publicis Net qui fusionnera plus tard avec Marcel. 13 ans où Marcel était ma famille, ma maison. 13 ans à travailler auprès des meilleurs.

Puis un jour, les 3 fondateurs de Rosa Paris, Gilles Fichteberg, Jean-François Sacco et Jean-Patrick Chiquiar, m’ont contacté pour me proposer une nouvelle aventure dans leur agence. Après plusieurs discussions avec eux, je décidai de quitter Marcel pour rejoindre l’équipe de Rosa Paris. Un nouveau challenge s’ouvrait à moi, une nouvelle page à écrire, des nouveaux talents à côtoyer, aujourd’hui ça fait plus d’un an et ce n’est que le début d’une nouvelle story 😉

Ça donne quoi une journée type de trafic en agence pour toi ?
Il n’y a pas vraiment de journée type au Trafic. Chaque journée est rythmée par les urgences, les nouveaux briefs, les imprévus … Tu ne sais jamais comment ta journée va se passer !
 A part le jeudi car le jeudi c’est la journée Worklist. C’est la journée où je vois tous les commerciaux, le New Biz, les CM, les responsables de compte, etc … On se fait un point sur tous les sujets en cours et les sujets à venir.
Ça permet de remettre tout à plat, de tout bien suivre et que tout soit carré. C’est une journée importante pour moi. C’est une journée où on se voit tous, une journée de partage que j’adore. J’ai même instauré un rituel : c’est la journée bonbons/gâteau pour plus de convivialité (je fais même des petits gâteaux).
Pour moi, le trafic c’est le bureau où on vient déverser tous ses problèmes, son stress, ses angoisses, ses peurs, sa colère alors je veux éviter les tensions inutiles – il faut donc être solide, calme, accueillant et souriant donc avec des bonbons ça passe toujours mieux 😉

Une anecdote de métier à partager ?
Je n’ai pas d’anecdotes de fou à raconter ou qui est racontable 😉
Mais je peux raconter mon plus beau souvenir 
En 2019, j’ai eu la chance de descendre à Cannes. Anne De Maupéou, Youri Guerrasimov et Gaëtan Du Peloux ont décidé cette année-là de faire descendre la Trafic. J’étais tellement contente de cette marque de reconnaissance.

Mais en plus d’avoir eu cette chance, ce fut l’année où Marcel a gagné son premier Grand Prix. Je garderai toujours en mémoire l’image de toute l’équipe hurlant de joie au moment de l’annonce (en particulier celle de Nicolas Lévy sur le capot de la voiture hurlant de joie). Ce fut un moment magique.

Ce métier a changé ces dernières années ?
Oui comme tous les métiers dans la Publicité. 
L’évolution des supports de communication depuis des années a tout fait évoluer et on a dû s’adapter.
Mais c’est excitant finalement car on élargit toujours nos compétences et du coup on ne s’ennuie jamais !

Un conseil pour bien bosser avec vous ?
Déjà il faut être honnête, çà c’est la base.
Mais, si tu aimes :
- rire (j’ai toujours une anecdote à raconter et je ris très fort)
- chanter (oui j’adore le karaoké et oui je chante très mal)
- manger des gâteaux (tout le monde connaît ma passion gâteau et surtout mon fameux gâteau à la poire)
- aller boire un verre après le travail (pour refaire le monde car parfois ça fait du bien)
-faire un cours de sport sur la pause déjeuner (car transpirer sur une musique de merde, ça créée des vrais liens)
- jouer à Tétris (car c’est devenu mon jeu préféré depuis que je suis Trafic)
Bah oui on devrait bien bosser ensemble.
Pour finir, je dirais simplement, le conseil pour bien bosser avec moi, garde le sourire. On fait que de la Pub ;).

« penches la tête sur le côté quand tu regardes une affiche. »



Anaïs Guillemane
W&Cie

 

Bonjour, comment tu es arrivée à ton poste actuel ?

J’ai choisi les parcours les plus généralistes jusqu’à ce qu’un jour un métier me parle. Bac S spé maths latin pour un régime équilibré. Prépa pour poursuivre dans la lancée du non-choix, et ce, jusqu’au jour où je suis tombée sur une équipée d’étudiants en école de communication qui m’ont fait découvrir les réflexions à l’œuvre derrière une campagne. Comprendre le problème, détricoter l’image perçue, analyser les transformations d’opinion sous-jacentes, insuffler une idée qui permette de jouer de ses forces et de déstabiliser les acteurs en présences, lui donner chair… Séduite par ce joyeux mélange d’analyse, d’écriture et de création, j’ai intégré une école de communication.

Quelques semaines après la rentrée l’heure était déjà aux TP. Le temps de mon premier stage en agence. Je m’improvisais chef de projet. C’est alors que l’on m’a glissé à l’oreille à l’occasion de mes premiers briefs et autres revues de tendances que derrière ces missions se cachent souvent l’œuvre du planneur. Le mot était lâché.
Qu’à cela ne tienne, après avoir trouvé une voie qui m’intéresse, voilà que je découvre le métier qui m’occupe depuis.
J’ai donc enchaîné les expériences en ce sens, chez Proximity, TBWA G1 puis Centdegres. Après m’être essayée au digital, à la pub et au branding, un ancien camarade de classe, Jérôme Lavillat, me glisse à l’oreille qu’un poste en son agence, l’agence W, mélange à merveille ces différents terrains de jeu que j’ai appris à apprécier.
C’était il y a 7 ans.

Depuis mon métier n’a cessé de changer, tout d’abord, car le changement est au cœur du job (décrocher des nouveaux clients, analyser les évolutions sociétales, aider des marques à se réinventer, en créer de toutes pièces) mais aussi en évoluant de poste et gagnant de nouvelles compétences (monter une équipe et développer une culture commune de la stratégie, réinventer le métier pour accompagner les nouveaux enjeux des marques, participer au développement d’un discours agence).

Au quotidien tu fais quoi dans ton agence ?

En tant que directrice du planning, j’ai la chance de pouvoir travailler avec des clients passionnés depuis des entreprises du CAC à des patrons de startups. Par ailleurs, je manage une équipe de planners talentueux et développe aussi l’approche de l’agence en termes de stratégie et de nouvelles approches pour accompagner les marques. Dans ce cadre W m’a offert la chance de pouvoir créer des formats nouveaux (podcast, études, édition…), de développer la prospective, de nouer des partenariats avec des chercheurs, par exemple, de mettre à profit mes passions pour nourrir des sujets. Nous faisons un métier à la croisée des chemins entre sciences humaines, business, création, technologie… autant dire que c’est par l’exploration, la curiosité, les rencontres et l’intelligence collective, bref, par la remise en question d’une routine, que l’on peut au mieux relever ces défis.

Ceci étant dit, si j’en viens à la pratique du planning stratégique, voilà comment je décrirais mon quotidien sur les sujets clients.
Je pose des questions à des gens pour savoir pourquoi ils veulent faire ce qu’ils disent vouloir faire, pour comprendre quel est le vrai problème auquel on répond, mais aussi pour comprendre de quoi leur quotidien est fait (un peu comme tu le fais actuellement)…
Je lis beaucoup pour comprendre les tenants et les aboutissants de certaines problématiques, comprendre ce que les gens se disent aussi entre eux au sujet d’une marque.

J’analyse la symbolique que les marques mobilisent, l’imaginaire qu’elles créent. J’interroge d’autres personnes aux métiers différents des nôtres pour enrichir nos analyses, voire les ébranler.
On s’interroge aussi entre nous pour s’assurer que toutes les options ont été envisagées, pour enrichir la réflexion. Et puis je me forge des opinions, sur ce qui est pertinent, utile, différent et qui permettra à une marque de vivre longtemps et d’émerger.

J’écris l’idée pour qu’elle interpelle et qu’elle commence à convoquer des images, des histoires. Après, c’est de l’ordre de l’affinage. On travaille l’idée jusqu’à l’os, on la laisse reposer, on la regarde sous toutes les coutures. Elle prend chair à coup de bons mots, d’images, de sens, de parcours, d’histoires, d’activations…
J’ai la chance de travailler avec des designers, des publicitaires, des architectes autant de métiers avec qui les idées prennent vie de manières différentes et qui nous font nous réinventer.
Enfin le métier de planner c’est aussi celui de porter le projet, de s’assurer qu’il est bien compris, de montrer son intérêt, de savoir entendre les retours et les discuter avec son client.

Tu as une anecdote / souvenir à partager ?

Si j’ai le souvenir teinté d’abnégation : les charrettes avec pizza, sushi, bières, indien, frichti… et pour les plus exceptionnelles les travailleurs croisés à l’aurore et qui s’apprêtent, eux, à entamer leur journée de labeur.

Si j’ai le souvenir teinté d’émotion : entrer dans un hôtel dont le concept d’offre est né de la réflexion conjointe avec un client et dont nous avons pensé le nom autant que l’identité ou encore l’expérience.

Si j’ai le souvenir teinté de gloire : gagner un client olympique qui fera date dans l’histoire du branding comme de la France

Si j’ai le souvenir teinté d’humilité : les pertes amères et les « on vous a adoré et il fallait trancher. Ça s’est joué à une voix sur 10. »

Si j’ai le souvenir teinté de fierté : les clients avec qui on fait de grandes choses, avec qui on chemine et on fait pivoter à 180° le brief pour proposer quelque chose de radicalement nouveau

Si j’ai le souvenir humain : les belles rencontres, les talents recrutés, croisés, les personnes qui te surprennent par leur pertinence, leurs idées, leur attention, leur passion.

Si j’ai la mémoire courte : mon call de brief sur un sujet avec Baptiste depuis le tarmac de l’aéroport de Kayseri

Tu peux citer 5 trucs que tu kiffs ?

Bon pour sortir des grandes catégories type théâtre, de la danse, de l’opéra, la peinture/photo et art contemporain que j’affectionne, mais qui ne diraient pas grand-chose.
Faire les courses pour la première fois dans un pays étranger
Le hip hop, le krump, le gaga (je laisse les curieux googler Ohad Naharin)
Écouter des podcasts en peignant
Écumer les festivals d’art, de musique…
Courir les sites architecturaux et comprendre le dessein qui s’y cache

D’après toi, comment ton métier va évoluer dans les années à venir ?

À mon sens, il y a deux courants à l’œuvre et qui se répondent. Le premier, c’est une spécialisation croissante dans des champs d’expertise donnés. Le second, c’est d’accompagner nos clients en remontant la chaîne de valeur et les accompagnant sur une vision plus large que celle de la communication. Prospective, accompagnement à la définition des leviers de différenciation du produit, travail sur les preuves, ces missions vont se développer à mesure que la pression à innover s’intensifie et que le discours de marque doit s’ancrer dans le réel.

Le planning ça m’intéresse, je fais quoi ?

Tu penches la tête sur le côté quand tu regardes une affiche. Tu écris ce que tu remarques et tu fais déborder ton application Notes. Tu te demandes pourquoi ce message publicitaire a été choisi, pour qui, pour répondre à quel problème. Même quand un message n’est pas écrit, tu questionnes les images utilisées par les marques, les identités visuelles.

Tu lis de tout.
Tu commences par les classiques du genre (how to plan, Byron Sharp et tutti quanti…) mais tu diversifies. De l’économie bien évidemment à la culture en passant par la tech, en passant par la newsletter de niche, du compte Twitter de VC… En somme, tu travailles tes fondamentaux et tu te perds un peu dans tout ce qui met ton cerveau en émoi.
Et puis tu parles aux gens qui font le métier et tu envoies ton CV.

– Anaïs –

« J’essaie de foutre le bordel autant que j’essaie de le ranger. »

  

Alexandre Honoré Ogilvy

Comment en es-tu arrivé à ce poste ?

Alors, en bon planneur on va essayer de faire bref… (spoiler alert, c’est raté)
L’histoire commence avec mon groupe de rock, à 15 ans, alors que je suis en échec scolaire. Je me rends vite compte que ce n’est pas avec notre (piètre) talent musical que nous allons percer. Je commence donc à mettre en place différents « stratagèmes communicants » et on finit par faire des salles de plus de 500 personnes (ce qui est plutôt pas mal comparé à notre absence de talent). Je réalise que du coup, j’ai certainement plus d’avenir dans la « communication » que dans la musique. Je me mets alors à travailler à l’école dans l’optique de trouver un métier où je peux mettre en place des « stratagèmes communicants » pour d’autres artistes.
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Une mention très bien au bac et un déménagement à Paris plus tard, je débarque à l’IUT Descartes. Je réalise que le métier que je veux faire n’existe pas vraiment et que si je veux gagner ma croute il va me falloir bosser pour des artistes qui ne me font clairement pas dresser les poils. Au même moment un prof extraordinaire, Xavier Sense, me parle d’un métier qui consiste à faire tout ce que j’ai envie de faire, mais pour des marques : et c’est là que le planning est entré dans ma vie (à lire avec une voix solennelle).
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Sonia Mestre (personne extraordinaire) chez Being\TBWA me donne ma chance en stage alors que je n’ai pour CV que mes histoires de groupe de rock.
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Je poursuis en stage au planning de la Young où je fais la petite main sur les newbiz.
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Fin 2016, je débarque dans une agence encore occulte qui vient de chipper Intermarché au nez et à la barbe de Marcel et Publicis. Me voici chez Romance auprès d’un trio de géants, Alex Hervé, Christophe Lichtenstein et Romain Roux. Et c’est vraiment là que tout a commencé (retour de la voix solennelle). Mon premier jour Christophe me balance un Copy-Book et une liste de campagnes à sourcer pour cet article. Je prends claque sur claque. Chaque jour qui suit, je suis Romain à la trace avec les yeux qui brillent, je bois ses paroles. J’écris mon premier brief (enfin 12 versions) et mon premier deck (enfin 25 versions) pour un pitch Pokerstars . La créa est top, ça gagne, ça sort, c’est bien. Putain le kiff, c’est un travail ça ?! Mon stage se transforme en CDD et puis je rencontre Clément Scherrer, puis Fanny Camus-Tournier. Ils ont l’air géniaux. Je les rejoins chez Buzzman.
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Fanny reste juste le temps d’un pitch et s’en va (sniff). Je deviens le présupposé aux mini pitchs et aux petites activ’ pour PayPal ou NRJ Mobile et à côté j’aide Clément sur Boursorama ou BK. J’apprends un autre planning, là aussi j’ai les yeux qui brillent (et le cerveau qui fume parfois). Mais j’ai juste le temps de me prendre quelques (grandes) claques des créatifs et des commerciaux que je m’en vais déjà vers d’autres horizons.
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2018, je débarque chez Marcel au sein d’un planning de haut niveau composé de Leoda Esteve, Sarah Lemarié, Nico Levy, Ghislain Tenneson, Thomas Cleret ou encore Romain Brigner (bisous à tous). Je fais du Meetic avec Leoda, du Act for Food avec Sarah, un peu d’Orange, de Sanofi, d’Orangina, de Google et d’autres trucs de mon coté. Je rencontre encore des commerciaux et des créatifs géniaux. La vie est belle.
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2020, Fanny (vous vous souvenez, l’une des personnes extraordinaires d’un peu plus tôt dans l’histoire ?) a bougé chez Ogilvy pour rejoindre Matthieu Elkaim et Manu Ferry qui s’apprêtent à prendre la direction de la maison. Le projet est faramineux mais diablement excitant, j’ai extrêmement envie de re-travailler avec Fenouille et certains des créatifs et commerciaux géniaux que j’ai croisés précédemment en sont aussi (bisous Crouzman, Julien, Victor, Thibaut….). Et c’est là que j’atterris chez Ogilvy en Mars 2020, depuis mon canap’, en pleine crise sanitaire.

Ah oui et au passage, j’ai foiré le concours du Celsa comme il faut, foiré une année de FAC en sciences du langage puis été déscolarisé… mais finalement j’ai tant bien que mal réussi à négocier un master en sociologie de la consommation et des médias. Mais cette partie est quand même bien moins fun que le reste… (si tenté que le reste soit aussi fun à lire qu’à écrire).

Au quotidien tu fais quoi dans ton agence ?

J’essaie de foutre le bordel autant que j’essaie de le ranger. J’essaie de contrebalancer mes mauvaises blagues par des bons briefs, mes questions idiotes par des decks intelligents et mon absence de culture générale par ce que j’espère être de la présence d’esprit et du bon sens.

En vrai, entre deux power-naps je m’efforce de me rendre utile du mieux que je peux et de simplifier le travail des autres : que ce soit auprès d’un client qui se pose des questions sur sa marque ou son business, que ce soit auprès d’un créatif qui a besoin d’aide pour craquer une mécanique, ou auprès d’un commercial qui a besoin d’un bon soldat pour partir à la guerre en présentation. Ça peut prendre plein de formes : brief, note, présentation écrite ou orale, mail, workshop… mais l’objet, c’est toujours de définir le bon problème à résoudre puis de formuler et d’articuler un raisonnement qui permet de l’adresser, ce qui demande par essence une grande phase de recherche, d’analyse et de réflexion avant de choisir la bonne direction à prendre.

Mais en fait je crois que je suis un peu planneur « par défaut » c’est-à-dire que si mon apport à l’agence se limitait simplement à mes decks et à mes briefs 1) je serais hyper triste et puis 2) on n’irait pas très loin, car je ne pense pas que ce soit mon plus grand atout. Je préfère voir la chose de manière collective et essayer de m’impliquer au maximum là où je pense que j’ai quelque chose à apporter et tant pis si ça sort de mon « scope » de planneur. Du coup j’improvise beaucoup en fonction des sujets et des gens avec qui je bosse. Je me dis souvent qu’une discussion sur un canap’ vaut 100 fois mieux qu’un deck de 30 slides. Donc au quotidien, je passe beaucoup de temps à avoir des discussions sur des canap’.

Tu as une anecdote / souvenir à partager ?

Je porte un regard très tendre sur mon passage chez Romance. En quelques mois l’agence a totalement changé et moi avec elle. On devait être 15/20 quand je suis arrivé et ce qui était hallucinant, c’est qu’à mesure que l’agence grandissait, l’exigence ne changeait pas.

C’était fou de bosser avec des gens si forts dans une telle ambiance. Dans une certaine mesure, j’ai le sentiment de retrouver quelque chose de comparable chez Ogilvy en ce moment. On a pris un très gros pitch cette année où on avait l’impression de voir l’agence se transformer à mesure qu’on avançait. Malheureusement, ce fut un échec, mais le genre d’échec qui fait grandir tout le monde. C’est pour ce genre de moment que je fais ce taff je crois, et ça me fait bien kiffer.

Tu peux citer 5 trucs que tu kiffs (en dehors du taff) ?

Aix-en-Provence, la plus belle ville du monde.
Ma maman qui, sans le savoir est certainement la meilleure planneuse du monde.
Mes potes qui n’ont rien à voir avec la pub et qui sont les personnes les plus drôles et les plus brillantes du monde (je viens du sud, j’ai le droit d’en rajouter).
Lever mon coude à la terrasse d’un bar et refaire le monde.
Quand l’OM gagne le dimanche soir et que je sais que je vais passer une bonne semaine.

D’après toi, comment ton métier va évoluer dans les années à venir ?

Je suis à la fois extrêmement pessimiste et extrêmement optimiste sur l’avenir de notre métier. Quand je vois la situation actuelle des agences (faibles marges, budgets qui rétrécissent, absence de réflexion long terme des clients, salaires misérables, heures à rallonge, manque de diversité et d’égalité, management archaïque, perte de légitimité auprès des clients, freestyle annuel des prix créatifs…) je me dis qu’on ne peut que se réinventer. De ce fait, j’ai le sentiment que notre secteur va continuer à se polariser encore plus dans les années à venir. La différence sera encore plus marquée entre d’un côté des mastodontes (Accenture, Publicis, WPP…) qui interviendront sur un périmètre plus large, sur l’ensemble de la chaine de valeur, malheureusement au détriment de la création.

Et de l’autre des structures bien plus spécialisées sur un maillon de la chaîne qui n’auront « plus que » la créativité et l’intelligence pour émerger.
Dans ce contexte je pense que les planneurs devront choisir leur camp, entre devenir des super consultants qui seront au cœur du réacteur d’une grosse machine sur toute la chaine de valeur ou devenir des
« pirates stratégiques » qui devront ramener de l’intelligence là où elle n’est pas forcément attendue, mais pas moins nécessaire.
Les deux possibilités sont alléchantes, mais je crois que j’ai déjà un peu choisi mon camp. L’avenir nous dira.

Le planning ça m’intéresse, je fais quoi ?

Tu commences par lire, relire et re-relire les conseils de tous les autres planneurs de ce dossier, je crois qu’il y a presque tout. Et après tu te poses la question de ce que toi tu as à offrir et de ce qui toi te fait kiffer. On fait un travail profondément humain, du coup, j’aime bien me demander ce qu’on a en tant qu’humain à apporter dans un brief, dans un deck ou dans une discussion. Le luxe de ce métier, c’est de nous enrichir de connaissances chaque jour, mais c’est aussi à nous de l’enrichir de notre personnalité, de nos convictions et de notre culture personnelle.
Et surtout ne sous estime jamais le pouvoir d’un canap’.

– Alex –

« Tu n’attends pas d’être planneur pour faire du planning. Pas besoin d’avoir stratégie dans ton titre pour réfléchir à tout ça. »


Alexandra Mimoun
Publicis Poke

 

Bonjour Alexandra, comment tu es arrivée à ton poste actuel ?

J’ai démarré au planning stratégique chez Naked Communications. Ce qui devait être un stage de 2 mois s’est transformé en 5 ans géniales entre New York et Londres. On inventait le comms planning avec une proposition hyper disruptive pour l’époque – drivée par la data et 100% media-neutral-.
Retour en France. Direction Ogilvy Paris où j’ai pris la tête du planning strat.
Puis j’ai rejoint le Groupe Publicis en 2016. Publicis Conseil d’abord. Et aujourd’hui Publicis•Poke à Londres. Head of planning toujours.
Bref. 15 ans de planning en agence, mais l’impression d’avoir fait mille métiers différents, avec toutes les nuances du planning à l’international et des cultures planning très fortes et très différentes dans chaque agence.

Au quotidien tu fais quoi dans ton agence ?

J’écris. Je lis. Je résous des problèmes. Je raconte des histoires. On me raconte des histoires. Je fais beaucoup de blagues pas drôles aussi.
Ce qui me donne envie de me lever le matin, c’est les grandes idées et les débats sans fin sur la création.
Mon bonheur absolu, c’est une grande salle de réunion avec plein de post-its illisibles. Pas très eco-friendly je sais, mais c’est mon petit plaisir coupable.

Tu as une anecdote / souvenir à partager ?

Une de mes toutes premières missions planning sur un pitch quand j’étais stagiaire. C’était pour un médicament contre l’épilepsie aux US. J’ai dû compter dans l’annuaire tous les médecins spécialistes en épilepsie. Manuellement.

Etat par état.

Voilà voilà.

Bref. Un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître. Et ils ont bien de la chance.

Tu peux citer 5 trucs que tu kiffs ?
Regarder des dessins animés au lit avec mes fils.
Écouter FIP et découvrir des trucs improbables.
Rater les recettes de Simplissime (oui, c’est possible !)
Boire du rosé en terrasse avec les copines.
Éteindre mon téléphone.

 D’après toi, comment ton métier va évoluer dans les années à venir ?

Le planning stratégique va (et est déjà) très impacté par toutes les grandes évolutions de notre industrie. La technologie, l’IA, la data, la personnalisation à grande échelle ouvrent plein de nouvelles manières de penser notre métier.
Il y a sans doute une partie du job qui sera automatisée demain (et tant mieux) mais la stratégie (la vraie) aura toujours besoin de planneurs.
Je pense qu’avec tout ça, le planning va redevenir fondamentalement stratégique. Il sera beaucoup plus ancré dans le business et les grandes problématiques de transformation.
Avec des écosystèmes de plus en plus fragmentés, de l’incertitude à tous les niveaux, des chantiers de transformation hyper complexes, il faudra savoir faire sens de tout ça, anticiper, simplifier et garder le cap.

Le planning ça m’intéresse, je fais quoi ?
Tu observes les gens. Partout. Tout le temps.
Tu essaies d’imaginer les briefs derrière les grandes idées.
Tu cherches un job en agence, peu importe le poste / la discipline. Les meilleurs planneurs strat sont des anciens commerciaux ou créatifs.
Tu n’attends pas d’être planneur pour faire du planning. Pas besoin d’avoir stratégie dans ton titre pour réfléchir à tout ça.

– Alexandra –

DANS LA COMM’
VOUS TROUVEREZ AUSSI :

(Pour completer -> gregory@ferembach.com) :

 

PUBLICIS : Emilie Seid //
FF : Marie Nguyen, Zhejun Li et Youcef Boualem. //
MARCEL : Leila Touti //
HAVAS Paris : Yael Dorfner //
HAVAS Group : Lorella Gessa //
BDDO : Emmanuelle Aquino, Auriane Desplanches //

DDB : 
Romana Kügerl (Prix Créatifs, International), Valérie de la Rochebrochard (Directeur des relations publiques) //

BETC
: Niamh O’Connor : Head of Creative Communications, Sylvain Marchand : Directeur de la promotion, Ellen Broome : Head of International Communications, Olivier Duval : Chargé de communication, Valentin Feist : Content & Social Media Manager, Camille Chang : Assistante Relations Presse & Publiques //

Australie :
Virginy de Martel //
Dare.Win : Manon Fargelat //
Change : Franck Leroyer //
Hérézie : Anne Rabasse //
Leo Burnett : Heloise Mathon //
Side lee : Theda Braddock, Morgane Le Rol //

Mc Cann : Isabelle Hafkin //
Ogilvy : Clara Bascoul //
Y&R : Sandrine Delabre //
W&Cie : Marion Weill //
Gyro : Carine Devos //
Isobar/Gyro/Mc Garry Bowen : Hinde El Mrissi (DirCom Groupe Dentsu Aegis Network)
Digitas : Sarah Coutin

Merci !