Bonjour Awen, quel a été ton parcours étudiant/pro ?
Après l’obtention d’un BTS communication, je me retrouve sans vraiment savoir quoi faire. En attendant de trouver ma voie, je tue le temps. Le matin, je distribue le 20 minutes, des « bonjours » et des « bonnes journées ». En échange, peu de réponses et peu d’argent.
J’avais acheté « 100 films à voir avant de mourir », j’occupe mes après-midis à réduire ce chiffre. Un jour, j’entends parler de Sup de pub. Je quitte Rennes, direction Paris avec une grosse envie et un gros crédit.
Là-bas, j’y croise Anaïs Herd-Smith, avec qui je cherche un stage en team. On avait réalisé un petit cv pop-up pour se faire remarquer et… Anne de Maupeou nous a remarqué. Donc direction Marcel, en stage. On monte rapidement sur des briefs avec Dimitri Guerassimov et Anne. Ça se passe bien, CDD. Puis là, on rencontre une personne incroyable : Pierre-Antoine Dupin. Avec lui, on apprend vite. Un sensei, un vrai. Ça se passe bien, CDI. Depuis je n’ai pas quitté le centre de formation, en espérant une carrière à la Maldini.
Depuis combien d’années travailles-tu dans le milieu de la publicité ?
7,5 ans. À cet âge-là, on compte encore les demi-anniversaires.
As-tu hésité à faire de la pub, tu aurais fait quoi à la place ?
Une fois que j’ai découvert la pub, non. J’ai vite compris que c’était fait pour moi.
Tout petit, je rêvais d’être pilote d’avion de chasse. Ensuite, j’ai longtemps cru que je serais footballeur. Je me demandais si OLIVRY ça sonnait bien. « OLIVRY qui accélère le long de la ligne… ». Pas ouf. Après, j’ai voulu devenir réalisateur alors je faisais des courts-métrages avec mes potes. J’étais fan de Hong Kar-Wai, je mettais des ralentis un peu partout sans aucune raison.
Tu es ‘fan’ de quoi ? (hors pub : music, série, sport…)
En littérature, j’admire surtout Alain Damasio pour la force de ses idées et sa façon de les narrer. Je rêve de voir un jour « La horde du contrevent » au cinéma.
Je lis aussi pas mal de BD, des mangas et des romans graphiques. Si j’étais vendeur FNAC :
BD : je conseillerais évidemment Blacksad. C’est simple, c’est beau, c’est efficace. Un classique.
Manga : j’aime la folie d’un Chainsawman, qui va un peu à l’encontre de l’ensemble des shonens. Dernièrement, j’ai eu un énorme coup de cœur sur « Peleliu : Guernica of Paradise ». C’est l’histoire de soldats japonais durant la guerre du Pacifique. Le décalage entre la naïveté du dessin et l’horreur du récit fonctionne très bien.
Roman graphique : difficile de passer à côté de Blast. Sombre, puissant et poétique.
Niveau cinéma, je passe ma vie à défendre Star Wars 8 et à admirer le cinéma asiatique des dernières années. (Burning, Parasite, Décision to leave).
Musique : je pleure dès que j’écoute l’album l’Amour de Disiz.
Sinon, quand je peux, je laisse mes pouces toucher des joysticks.
Team Playstation depuis toujours et je ne suis pas du tout ouvert au débat.
S’il devait rester qu’un jeu sur Terre : The Last of Us. Part I. Part II.
Je suis presque triste pour ceux qui se contenteront uniquement de la série. Car les émotions ressenties manette en main sur la Part.II, ne pourront, malheureusement, jamais être égalées par l’adaptation d’HBO.
À côté de ça, je cours beaucoup, ça me permet de visiter Paris et de me vider la tête.
Tu as travaillé sur quels budgets, avec qui, dans quels pays ?
Avec le temps je pense avoir touché à la quasi-totalité des budgets de l’agence. (Contrex, Oasis, Prime Vidéo, Transavia, Orange, Netflix, DS Automobile, Orangina, Coach ect…). C’est une des grandes forces de Marcel, rien n’est cloisonné, tous les briefs sont accessibles.
Au début j’ai bossé avec Anaïs Herd-Smith, ma première DA, avec qui j’ai commencé cette aventure. Puis elle a arrêté 3 ans plus tard pour se lancer en tant que Paper Artist.
Elle est hyper talentueuse alors n’hésitez pas à faire appel à elle.
Ensuite, j’ai navigué solo quelques temps avant de former un trio officieux avec Jonathan Wawer et Guillaume Delattre. Avec eux, beaucoup de taf, de rires, de prix et de débats sur la plus belle région de France. Bretagne ou PACA ?
Maintenant, je bosse avec Edouard Sanson depuis un peu plus d’un an. Tout roule, sauf qu’il m’a rendu addict au poker.
Parle-nous de campagnes que tu as faites
Orelsan’s.
Mes premiers prix internationaux grâce à ma première passion, le rap.
Contrex.
Malheureusement l’exemple de la bouteille coincée dans les rayons d’un vélo pour faire le bruit d’une mobylette n’est pas passé.
Coach
Ça va être difficile de faire une plus grosse prod.
Orange
Un peu de silence, c’est toujours agréable.
Apprentis
J’hallucine toujours quand je pense qu’on a rentré ce film en une journée de tournage.
Netflix
Le jour où j’ai cru que j’allais percer sur Linkedin. 1287 likes.
Le jour où j’ai cru que j’allais percer dans le cinéma. Omar Sy : « J’adore cette campagne »
Welcome
C’est toujours chouette de créer la toute première campagne d’une marque.
Back market
Des accroches pour Backmarket. Une seule idée en tête : Ne pas être ridicule â coté des précédentes de Virgile Lasalle.
Hyper heureux de participer à la saga publicitaire d’une marque aussi populaire que Orangina.
Tu fais quelque chose en parallèle de ton métier, des projets ?
Depuis peu, je me concentre sur un unique projet : être le meilleur papa possible.
Avant ça, je gardais tous mes tickets de cinéma depuis l’âge de 15 ans avec pour objectif d’en faire, un jour, un immense tableau. Plus de 200 tickets rangés précieusement dans une grosse boite à biscuits en ferraille. Puis un jour, ne sachant pas ce qu’il y avait dedans, ma mère a jeté la boite… Fin du projet.
Quel est ton meilleur et pire souvenir ?
Marcel, premier stage en pub. Premier jour, premier brief. Puis premier PC.
Et comme on n’y connaissait rien et qu’on voulait bien faire, on est arrivé avec 3 films… déjà entièrement story-boardés. Des pages et des pages de story-board.
On avait fait beaucoup rire Juliens Simons et Xavier Leboulanger, les DC sur le sujet.
J’ai beaucoup de tendresse pour ce souvenir parce qu’il représente plutôt bien mes débuts. Beaucoup de naïveté et beaucoup de boulot. Si j’étais dans vise-versa, j’aimerais que la boule de ce souvenir ne s’éteigne pas.
En ce qui concerne le pire souvenir. Ça a été la perte d’un collègue de travail formidable, attachant et bourré de talent. Je profite de cette itw pour te dire qu’on ne t’oublie pas Thomas.
C’est qui ta génération ? les créas qui avancent en même temps que toi.
De ma promotion, je suis toujours en contact avec Adrien Delhay et Fanny Maigrot qui sont chez Accenture, Lucie Guidon qui est arrivée dernièrement chez Romance et Lauren Hatton qui travaille chez Steve.
Après, comme je n’ai jamais changé d’agence, ma liste est assez courte. Chez Marcel, on partage un bureau avec Alice Labau, Remy Dias Das Almas, Jonathan Wawer, Guillaume Delattre, Aurel Cablan et Edouard Sanson. On en profite pour tester nos idées et on essaye de faire mieux que les copains. Le tout, entrecoupé de parties de « Un jour, Un film ».
Quelles sont les pubs que tu préfères, tes classiques ?
PRINTS
Sport illustrated : Mes print pref, de loin.
Penguins : Il y a aussi la campagne« Ratings » que j’adore.
Coca-cola : On s’en veut presque d’entendre ces sons. Coca a gagné.
BK : Pour l’audace du client !
FILMS
Fabogesic : L’une des pubs qui me fait le plus rire. La montée en puissance des gags est parfaite.
Bodyform : On pourrait quasi-mettre toutes les campagnes de Libresse. Mais j’aime particulièrement le craft de celle-ci.
Diesel : Pas le plus connu des films Diesel, mais mon pref de loin. J’adore la légèreté qu’il dégage et l’idée est canon.
Centraal beheer : Pour le casting et le reflet du lion dans la fenêtre de la voiture
ACTIVATIONS
Project 84 : Rarement vu une campagne avec un impact visuel aussi puissant.
Fearless girl : Le rêve de n’importe quel créatif. Quand l’idée devient un monument.
Nazi against nazi : Tellement smart
Nosferatu. En tant que fan de ciné, j’aurai adoré avoir cette idée.
Tu as des modèles de créatifs dans la publicité ou en dehors, des gens qui t’inspirent ?
Évidemment Anne de Maupeou, qui m’a donné l’opportunité de découvrir ce métier et qui a été, avec Dimitri Guerrasimov, une rampe de lancement formidable. Difficile d’avoir de meilleurs formateurs.
Aujourd’hui, le parcours de Youri Guerassimov et Gaëtan Du Peloux est forcément inspirant. Il vient récompenser un mot que j’affectionne : fidélité.
Hors agence. J’adore le travail fait ces dernières années par DDB sur Honda. (The price, Goldwing et Beautiful fail) et celui effectué par Olivier Aumard sur la marque Lacoste.
Hors France. Je regarde tout ce que peut faire l’agence Uncommon. En plus de concepts puissants, ils ont toujours des mises en page hyper intéressantes. (The Guardian, B&Q).
British airway’s, c’est la rencontre parfaite des deux.
Et j’aime aussi la plupart des travaux proposés par l’agence David (Madrid, Miami, New-York…). Voilà mes deux agences références.
Tu peux envoyer un mail au toi de 60 ans, tu lui dis quoi ?
Je me bats pour notre retraite. J’espère que ça va le faire.
Un conseil pour ‘réussir’ dans ce métier ?
Je pense que pour « réussir », il n’y a pas de secret. Au début, il faut travailler plus que le voisin. Enrichir au maximum sa culture publicitaire en regardant ce qui se fait de mieux. Puis seulement après, espérer avoir un peu de réussite.
Évidemment, essayer de s’entourer des bonnes personnes. Celles qui te font avancer dans le bon sens et ne pas hésiter à demander des conseils.
Et le plus important : avoir des convictions.