(crédit portrait Peter : Ilario_Magali)
Bonjour Peter, vous êtes photographe, quel a été votre parcours, vos études, vos débuts ?
Une école de journalisme, très peu d’assistanat et je me lance à mon propre compte !
Depuis combien d’années travaillez vous dans le milieu de la photo ?
J’ai commencé en 1981, donc il y a 32 ans…
Vous avez des contacts proches qui travaillaient dans ce milieu avant d’y entrer ?
Non, pas en tant que professionnels mais mon père était un bon peintre amateur et mon grand père passionné par la photo.
Vous avez hésité à faire de la photo, qu’est-ce qui vous a donné envie d’en faire ?
Oui j’hésitais car je ne pensais pas avoir le talent pour réussir. Mais après avoir rencontré Detlef Trez, le photographe que j’ai assisté durant 5 mois, j’avais la certitude que c’était mon destin.
Vous travaillez avec qui et sur quoi ?
C’est très varié mais depuis dix ans j’ai des commandes internationales.
Christian Louboutin, René Furterer, Cartier et Marie Claire 2, sont mes clients fidèles.
Aux débuts, j’étais principalement connu pour le culinaire.
Heureusement ce n’est plus le cas.
Parlez nous d’images que vous avez faites.
Il y en a tellement que je ne sais pas par où commencer.
Je vous raconte l’histoire de « l’Ours » réalisée pour Christian Louboutin :
Je cherchais une idée pour Louboutin pendant mes vacances d’été dans l’Aube où nous avons une maison de famille.
Je me disais que j’aimerais bien prolonger mes vacances et faire la photo en pleine nature. Mais pourquoi les chaussures Louboutin seraient elles en pleine campagne.
Et voilà l’idée : un pique nique de luxe détruit par un ours.
Christian Louboutin a exceptionnellement donné son feu vert par téléphone. Je lui en suis très reconnaissant pour la rapidité de sa décisions et la confiance qu’il m’accorde.
Je me suis tout de suite mis à chercher l’endroit idéal aux bords de la Seine (NDLR : oui dans l’Aube bande de parisiens) pour placer le pique nique.
Mon agent français, Anne Marie Gardinier, a trouvé Julia, une ourse très attractive. La grande styliste, Annie Bodin, m’apporte le pique nique. Mon assistante, Sympho, a débarqué avec le matos. Et j’ai eu la chance d’être secondé par un copain DA qui me rendait visite (Emmanuel Allaire).
J’ai commencé par installer le pique nique parfait. Puis je l’ai saccagé. J’ai photographié l’installation avant de faire venir Julia, qui a beaucoup apprécié notre pique-nique, surtout les œufs durs.
J’ai essayé de faire un gros plan avec une chaussure dans la gueule de l’ourse. Mais elle a eu peur quand j’ai bougé un réflecteur et elle a failli m’arracher le visage. Ça a mis fin aux gros plans et nous avons du se contenter des 7 autres photos du pique nique et chaussures emportés par la rivière.
Pendant le shoot de la dernière photo, je suis tombé dans la Seine.
Mon Iphone n’a pas survécu…
Vous faites quelque chose en parallèle de votre métier, des centres d’intérêts ?
Je chante et écris les paroles, et joue très mal l’harmonica et la flute traversière pour Les Lobotonics, groupe de rock acoustique underground.
Comment se passe la vie en studio ?
J’ai une équipe avec qui je travaille très régulièrement. On se connaît très bien. Ce sont des gens très sympa et chaleureux et j’ai de la chance de les fréquenter. Mon studio manager, Kimberly, prend plaisir à accueillir nos « invités ». Je suis très « hands on » et concentré sur la photo. Nous déjeunons sur place et essayons de faire une bonne heure autour d’un bon repas.
Quel est votre pire souvenir en tant que photographe ?
Franchement impossible de dire. J’ai démarré avec très peu d’expérience, 5 mois d’assistanat et pas d’école. Le pire pour moi était la peur de ne pas réussir. C’était très fréquent au début.
Une de mes premières commandes correctement payée était de reprendre une série derrière un autre photographe parti en vacances. Je n’arrivais pas à retrouver la lumière qu’il a fait. Les gens étaient venus du sud de la France. Je les ai envoyé déjeuner. J’avais honte. Enfin vers 16h j’ai trouvé. Nous avons fini très tard dans la nuit. Je me sentais très coupable.
Quelle sont les photos/séries qui vous ont marquées ?
Jeune, j’allais aux Met à NY et je regardais des photographes Américains du début du siècle. Weston, Adams, Brandt, Arbus…
Pendant ma carrière professionnelle, j’ai été marqué par Penn, Bloch Lainé, Mocafico. Nick Knight, Sundsbo. Je suis fan de Gursky.
Irving Penn
Jean louis Bloch Lainé
Vous avez des modèles créatifs, des gens qui vous inspirent ?
Pleins. Les Beatles en premier.
Avec qui aimeriez vous travailler (artiste, marques, designers, illustrateurs…) ?
J’aime faire de belles photos. Pour ça il faut soit beaucoup de liberté ou travailler avec des gens intelligents. C’est tout ce que je demande. Peu importe la marque.
Ceci dit j’aime beaucoup Calvin Klein. Leur pub et le design de leurs produits sont parfaits depuis longtemps.
Vous voyez quoi comme changement entre vos débuts et maintenant ?
Énorme. J’ai commencé dans une chambre de bonne quasi sans expérience. Aujourd’hui, j’ai une certaine notoriété dans ce milieu.
Le pixel a tout changé. Tout le monde s’imagine photographe. Les clients s’imaginent DA. La retouche est partout et souvent mal employée. Et en même temps la photographie a beaucoup progressé !
Que diriez vous à un jeune qui veut percer dans le milieu de la photo ?
Detlef Trefz me disait de faire une photo personnelle tous les jours où il n’avait pas de commande. Je trouve ça toujours de bon conseil.
Pour plus de Peter : www.peterlippmann.com