Bonjour Coco, c’est ton vrai prénom Coco ?
Et oui….c’est sur mon passeport canadien, mais les français n’en ont pas voulu disant que ce n’était pas un vrai prénom.
Tu es photographe, quel a été ton parcours ?
J’ai fait une licence en psychologie à McGill University. L’été après mes études je me suis retrouvée seule en Italie avec mon OM10. J’ai découvert ma passion a se moment la. Retour à Montréal j’ai cherché une place d’assistante pour apprendre le métier. Sans aucune expérience on m’a pris dans un des plus grands studios de mode car j’avais une voiture et un prénom sympa.
En tant que deuxième assistante je faisais tout, entre autre des aller-retours au labo E-6 et tout les planches contacts N&B. Lors d’un voyage au Mexique le premier assistant à eu la tourista et je suis devenue première assistante.
Au bout d’un an j’avais fait le tour et j’ai pris ma Delsey blanche, un billet aller simple et je suis partie à Paris. Au bout de 8 mois en France j’apprends que j’avais gagné un concours pour le magazine « PHOTO ». Le prix était de 45000 francs, le montant que je devais à ma Carte Bleue. Du coup j’ai pu rester en France, pour moi c’était un signe que j’avais fait le bon choix. Ça, c’était il y a plus de 20 ans.
J’ai assisté freelance à Paris pendant presque 10 ans. Pour faire la rupture entre assistant et photographe je suis partie en Australie 1 an. J’ai rempli mon book de parutions mais je suis rentrée fauchée. Du coup pendant quelques années j’ai été barmaid la nuit et photographe la journée, une période que j’ai adoré, pas le temps de se poser des questions.
Maintenant je n’ai plus besoin de travailler la nuit.
Depuis combien d’années travailles tu dans le milieu de la photo ?
Une vingtaine d’années.
Tu as des contacts proches qui travaillaient dans ce milieu avant d’y entrer ?
Personne.
Il y a des accès privilégiés, mais c’est comme dans la plupart des secteurs je pense.
Tu as hésité à faire de la photo ? qu’est ce qui t’as donné envie d’en faire ?
Je n’ai pas hésité même si mes parents trouvaient l’idée nulle.
je pense qu’une passion ne s’explique pas mais avec la photo j’aime la combinaison technique/artistique/numérique…
Tu travailles avec qui et sur quoi ?
Un super mélange de pub, rédac (édito – magazine), et travail perso.
Ça dépend des projets, la pub a tendance à mettre plus longtemps que le rédac car il y a la grosse retouche et le retour client, mais le travail perso met du temps aussi car il faut creuser pour trouver l’idée originale.
http://vimeo.com/47014045
Parles nous de tes séries photo :
Ce sont des sujets que j’avais en tête depuis longtemps mais j’attendais le bon support et les bonnes conditions.
La première série s’intitule « Furniture Fucking », je crois qu’on comprend avec le titre, je voulais mettre les meubles en position ou on pense qu’ils font l’amour. Pour ce projet j’avais envoyé deux livres de Kama Sutra à la styliste pour l’inspirer. Par contre maintenant quand je vois des meubles j’ai souvent des pensées mal-placées.
La deuxième série s’intitule « 8 Femmes ». J’ai voulu photographier des femmes mures de dos et donnant l’impression qu’elles sont très jeunes et ensuite faire un portrait de face pour montrer leur vraie identité. Ceci est basé sur un souvenir d’enfance ou nous passions le soir par les prostituées de l’Avenue Foch pour rentrer dans notre banlieue. Je voyais ces bombes de dos qui paraissaient avoir 20 ans et quand elles se retournaient j’avais la peur de ma vie. J’ai photographié 4 dames mures de dos et ensuite de face, donc 8 femmes.
Tu fais quelque chose en parallèle de ton métier, des centres d’intérêts ?
Yoga, boxe, moto.
Dans ton métier quel est ton meilleur souvenir ? et le pire ?
Mon meilleur souvenir, c’est quand j’ai documenté (en moto) un raid de Harley Davidson’s autour du Maroc.
Ça me fait halluciner quand je voyage à l’autre bout du monde pour faire une photo, et revenir aussitôt…
Le pire : 2 semaines de pluie non-stop en Argentine pour Décathlon ou shooter (aussi Argentine) avec clavicule fraichement cassée pour Bouygues.
Quelle sont les photos qui t’ont le plus marquées ?
Les photos de Tim Walker, Guy Bourdin, Gilbert Garcin, Vivianne Sassen, Peter Lindberg, Nick Knight, Stephen Shore, Steven Meisel, Wolfgang Tilmans.
Les séries de Walker pour le Vogue anglais, les séries de Lindberg pour le Vogue italien au début des années 90’s, et tout ce que j’ai vu de Sassen à Arles cet été.
Tu as des modèles créatifs, des gens qui t’inspirent ?
Je suis très inspirée par l’art contemporain, Marina Abramovic, Sarah Lucas, Gerhard Richter.
Sinon l’humour et les accidents m’inspirent plus que tout.
Avec qui aimerais-tu travailler (marques, designers, illustrateurs…) ?
J’aimerais travailler dans le luxe car c’est en décalage avec ce que je fais et il y a encore du budget.
Il y a trop de marques, designers, etc avec qui j’aimerais travailler pour faire une liste.
Tu vois quoi comme changement entre tes débuts et maintenant ?
Le digital bien sûr. Le résultat immédiat est magique, mais il faut être vigilant il faut laisser les photographes et les créatifs prendre les décisions calmement !
Et que maintenant les gens me prennent pour mon univers décalé.
Tu regrettes quelques chose dans ton parcours peu conventionnel ?
J’aurais commencé la photo plus tôt..
Tu changerais quoi si tu le pouvais ?
Mon nom de famille, personne ne sait l’épeler.
Que dirais-tu a un jeune qui veut percer dans le milieu de la photo ?
Je dirais d’essayer de travailler en studio de location pour voir une multitude de styles et techniques et rencontrer beaucoup de gens.
Et en parallèle faire ses images pour développer son style, trouver sa patte.
Sinon de s’accrocher et « do your homework ».
.
Pour plus de Coco : http://cocoama.com/portfolio/one
