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INTRO

Il y a ceux qui ont les idées, et ceux qui les réalisent, parmi eux, il y a les illustrateurs. 
Un monde à part, qui rencontre celui de la publicité pour créer des campagnes originales, parfois primées dans des catégories sur mesure. L’illustration comme moyen d’expression publicitaire soulève des questions auprès des annonceurs. Ce n’est ni le dessin libre des enfants, ni les peintures que l’on contemple au musée. C’est un art appliqué si vaste qu’il déborde dans d’autres cases. Certains illustrateurs vous diront qu’ils sont graphistes, des artistes au sens large ou de simples dessinateurs. C’est un univers que la publicité a complètement investi et pourtant qui lui est parfois complètement étranger. Il y a des maîtres, des mouvements et de nombreux salons.  
Notre rôle en tant que DA est souvent de diriger l’illustrateur, mais aussi de filtrer les demandes clients. De protéger l’artiste, de savoir respecter le processus créatif de chacun. Mais eux, qu’en pensent-ils ?
– Jenna

Jenna Haugmard est DA, dans son agence, elle a travaillé avec des dizaines d’illustrateurs. Elle partage régulièrement ses coups de cœur sur le compte insta @he_lo_ilu. Elle est aussi illustratrice, juré illu au Club des DA et au D&AD. Bref, elle est bien placée pour aller à la rencontre de ces créatifs !

Salut ! Alors mon nom d’illustrateur, c’est tout simplement mon prénom et mon nom de famille, Alexandre Nart du coup ! Et non, Nart est bel est bien mon vrai nom et pas un pseudonyme, cocasse hein ? haha

Il y a quelque temps, je me suis fait ce petit avatar qui intervient parfois quand j’ai des annonces à faire, je trouve ça beaucoup plus rigolo que de montrer ma tête.

Je viens de Bordeaux, plus précisément de Cestas City Gang (c’est pas loin de Bordeaux). Depuis que je suis petit, ma matière préférée a toujours été l’art plastique. Ma prof du collège, Mme Paquet, avait même dit à mes parents qu’il y avait quelque chose à creuser dans cette voie, car selon elle, je me débrouillais plutôt bien.

Ce n’est sans doute pas évident pour des parents de s’imaginer un avenir pour leur enfant dans le monde de l’art, mais ils m’ont toujours soutenu et fait confiance, donc merci à eux Sinon, j’ai étudié à l’ECV de Bordeaux, où j’ai appris à faire de l’animation 2D et du compositing. C’est aussi durant ces années-là que j’ai commencé à développer mon univers artistique.

Environ deux ans après la fin de mes études, je me suis vraiment tourné vers l’illustration, après avoir été surtout orienté vers l’animation jusque-là.Petit, je n’avais pas forcément d’illustrateur préféré, mais plutôt des dessins animés préférés ! Genre le laboratoire de Dexter, Tortues Ninja, Simpsons etc.. C’est ça qui m’a réellement donné envie de faire ce métier. Au fond, c’est peut-être ma façon de rester un enfant toute ma vie, haha !

Je pense que je suis arrivé dans le monde de la pub assez involontairement. Je travaillais d’abord dans un studio (Mathematic) où je faisais de l’animation 2D pour des clips vidéo (car c’était mon but ultime, faire du clip, du clip, du clip), puis on m’a mis sur des projets de publicité, et petit à petit j’ai commencé à en faire de plus en plus.

Ensuite, j’ai eu envie de développer mon propre style et de ne pas être juste technicien. Alors, je suis passé en freelance et j’ai passé mes journées à travailler sur des projets perso sans forcément avoir de travail à côté. Ce n’était pas évident comme année, car évidemment, habiter à Paris et en même temps vivre de son art quand on débute, ce n’est pas hyper optimal. Mais bon, cette période a été cruciale pour mon processus de création et pour affiner mon univers. Je m’imposais des défis, comme poster une illustration par jour sur les réseaux sociaux..

Puis, le 1ᵉʳ février 2019, je reçois un petit DM de Morgane Le François (Agence Lasuite), qui souhaite me rencontrer, car elle trouvait mon univers génial. Et quelque chose comme deux semaines après, je faisais partie de son agence ! C’est vraiment à partir de ce moment-là que j’ai plongé dans le monde de la publicité et de l’illustration. Merci, Morgane, de m’avoir fait confiance à ce moment-là

Tu as travaillé sur quels budgets ? 

J’ai travaillé avec toutes sortes de budgets, aussi bien très modestes que très élevés ! Par contre, en animation, même si le client a un budget conséquent, il faut garder en tête que de nombreuses personnes travaillent sur le projet : la production, les storyboarders, les artistes en backgrounds, les animateurs, le compositing, etc. En illustration, sur certains gros projets comme des campagnes publicitaires, ça peut aller jusqu’à 15 000 €, mais c’est un travail qui s’étale sur plusieurs mois, voire années ! (Non, j’abuse un peu là.)

Il y a des marques avec lesquelles je ne travaillerai pas, surtout celles de fast fashion des enfers la, comme Shein, Temu ou Zara. Cette surconsommation horrible, c’est vraiment un fléau. Entre l’impact sur l’environnement et les conditions de travail douteuses, je pense qu’on aurait tout à y gagner si ce genre de marques disparaissait. Par contre, Vans, si jamais vous passez par ici, sachez que je ne désespère pas de bosser avec vous un jour ! Je dis ça comme ça…

Le projet dont je suis le plus fier, hyper dur comme question, ça ! Il y a un projet qui compte beaucoup pour moi, c’est une animation que j’ai réalisée pour Pitchfork, il y a 5 ans. Il compte beaucoup pour moi parce que c’était la première fois qu’on me faisait confiance sur un aussi gros projet et que je pouvais me lâcher complètement visuellement. Alors forcément, ça date un peu et ma manière de dessiner à évoluer depuis, mais j’en suis très fier L’anim en question :

De manière générale, il y a aussi les projets que j’ai pu réaliser pour McDo, dont la campagne Music Festival que j’ai aimé faire !

Je prends toujours beaucoup de plaisir sur leurs sujets ! Aussi, le clip que j’ai pu réaliser pour Myd grâce à Pedro Winter, franchement ça reste un projet dont je suis super fier. Ça regroupe tout ce que j’aime : le dessin animé, les visuels cools, une musique que j’adore, des personnes adorables avec qui j’ai échangé et travaillé sur le projet.

Et sinon, il y a aussi les visuels que j’ai pu faire pour le talentueux Julien Granel ; c’était trop plaisant de travailler avec lui. En gros, dès que ça touche à la musique, je suis content, quoi ! Haha

Franchement, mon petit iPad Pro de 2018 là, il a carrément changé ma manière de travailler. Je peux l’apporter partout, bosser de n’importe où, le connecter comme un deuxième écran à mon ordinateur portable pour utiliser les logiciels de ce dernier, etc. Il fait complètement partie de mon processus de création. Je m’en sers très souvent pour faire des croquis, tester des idées, ou créer de petits GIFs animés.


Par contre, dès que je travaille sur des projets qui demandent plus d’organisation, j’utilise une Cintiq 16 de chez Wacom, que je laisse en fixe sur mon bureau. C’est beaucoup plus pratique pour gérer plusieurs logiciels en même temps, notamment After Effects et Photoshop. Mais sinon en ce moment je me suis remis à utiliser des pinceaux pour peindre sur des céramiques et franchement c’est hyper apaisant, ça fait du bien aussi de sortir du digital pour expérimenter d’autres choses.

S’il y a bien un truc que je déteste, ce sont les gens qui t’envoient un vieux DM du style : “Tu prends combien pour un dessin ?” ou encore : “Tu peux me dessiner pour ma nouvelle PP ?” Pas un bonjour, rien du tout, haha. Il n’y a pas vraiment de brief idéal, je trouve, mais disons que j’aime bien être un minimum cadré ! Enfin, tout dépend des projets, mais par exemple, le coup de la carte blanche, parfois ça peut faire un peu “peur” et je peux avoir du mal à me lancer (même si parfois, c’est génial, mais tout dépend encore une fois du projet). Quand il y a ne serait-ce qu’une toute petite idée, je trouve ça chouette, ça donne une base de réflexion, mais ça m’arrive quand même de proposer quelque chose de complètement différent.

Il y en a un paquet, mais s’il y en a bien un qui me fascine, c’est Jérémie Moreau. Il est juste incroyablement talentueux dans ses cadrages, ses designs et ses couleurs. Je vous invite à lire ses BD : c’est un régal pour les yeux.



Il y a aussi Luke Pelletier, qui aborde souvent les mêmes thèmes (très far west américain) mais qui parvient toujours à trouver de nouvelles idées. Il a une imagination débordante ! Dernièrement, il a designé des boîtes d’allumettes, et je les trouve sublimes.


Et puis, il y a Laura Ottone, que j’ai découverte récemment. Elle fait de la magie avec ses crayons de couleur : c’est très poétique, et la manière dont ses couleurs se mêlent, c’est juste « wow ».

S’il y a bien quelque chose qui m’aide dans les périodes où j’ai un peu plus de mal à trouver la motivation, c’est de créer pour moi. J’entends par là prendre le temps de dessiner des choses qui me plaisent, qui ne sont pas liées à des projets, etc. J’ai une tonne de dessins que je ne montre jamais, mais qui me servent de défouloir.

Tester aussi de nouvelles choses, comme faire de la céramique puis peindre dessus, est devenu un moment très important pour moi. Ça me permet de me vider un peu la tête et d’expérimenter sans me soucier des retours clients, haha.

Merci.

L’instagram d’Alexandre :