Bonjour, quels ont été vos parcours étudiant/pro ? Vous venez d’où ?
MORGAN : LE REDAC
Mon parcours est indissociable d’Edgar. C’est mon meilleur ami et mon coloc’. C’est ensemble que nous avons toujours avancé depuis que nous nous sommes connu en première année de Sup de Pub il y a maintenant 8 ans, d’abord à Lyon, puis à Paris. Comme pour cette fin de parcours, j’ai fait beaucoup de coins en France avant de m’installer à la capitale pour les grosses agences.
J’ai passé beaucoup de temps à Perpignan, où j’ai étudié au lycée Arago, le même que Séguéla pour la petite anecdote. C’est inutile, mais j’étais un peu fier en l’apprenant bien plus tard en lisant « Ne dites pas à ma mère que je fais de la publicité ». En rentrant à Sup de Pub, je ne savais toujours pas qui s’occupait d’avoir le dernier mot sur une “idée”, sur un “concept”, donc j’ai étudié la stratégie. Quand je me suis enfin rendu compte qui en était responsable, j’ai vite bifurqué. Encore une fois, avec Edgar. J’ai fait un peu de direction artistique, comme je dessinais beaucoup, puis pour finir, de la conception-rédaction.
EDGAR : LE DA
J’ai grandi à Pézenas, une petite ville d’Occitanie. J’ai toujours beaucoup aimé la pub et y est toujours été un peu trop sensible. Petit, j’avais tendance à croire que j’avais plus de chances de gagner des courses à la récré si j’avais mangé des “Frosties” le matin. Arrivé au lycée, en raison de résultats tout à fait médiocres et d’une motivation proche de celle d’un paresseux en pleine digestion, je ne savais pas trop quoi faire de ma vie. Mon seul point fort était que je m’en sortais plutôt pas mal à l’oral, des études de communication ne semblaient pas être un choix complètement idiot.
cut
1ere année en Stratégie à Sup de Pub Lyon
L’école est plutôt sympathique et je commence à apprécier les études. On se parle de plein de termes résumés en quelques lettres mises ensemble genre “SWOT”. Je rencontre plein de gens super mais surtout une personne de ma classe, Morgan. On commence à beaucoup travailler ensemble, mais on devient surtout meilleurs potes. Les mois passent et on se rend compte que ce qu’il se passe dans la classe d’à côté a l’air beaucoup plus rigolo. C’ÉTAIT LES CRÉAS !!!!
Tout a l’air mieux là-bas, les gens plus rigolos, les sujets plus rigolos, les profs plus rigolos… (la liste pourrait être longue mais ça ferait trop de rigolos). On se décide à partir à Paris sur un coup de tête pour pouvoir être plus proche des grandes agences. Bien évidemment, on part ensemble.
Au vu des prix des appartements parisiens on décide de se mettre en coloc, histoire d’amortir le choc tant bien que mal.
5ème étage d’un appartement sans ascenseur de la rue Saint-Denis.
Morgan m’annonce qu’il a envie d’être CR. Quelques mois après nous sommes en cours et Rosa Paris met une annonce en ligne, on finit notre book à toute vitesse et on leur envoie et on se retrouve chez eux pour notre premier stage en team.
Le stage se passe bien, dur, mais très formateur le passage entre l’école et l’agence fait la sensation d’une douche très froide après une nuit trop courte. À la fin du stage, nous partons vivre de nouvelles aventures chez Publicis Conseil où nous avons planté notre tente depuis.
Depuis combien d’années travaillez-vous en agence ?
5 ans
Avez-vous hésité à faire de la pub ?
MORGAN
Oui et non. Non parce que depuis que je suis tout petit, la pub me fascine. La seule émission que je suivais assidûment d’ailleurs, c’était Culture Pub. Donc quand j’étais petit, je me souviens poser plein de questions à mes parents du style “si on trouve une bonne idée pour une marque, est-ce qu’on la fait payer plus chère ?”. Évidemment la réalité est bien plus complexe, et mes parents n’avaient tout simplement aucune réponse. Par rapport à la question précédente d’ailleurs, j’ai rapidement voulu me diriger vers la pub, et donc j’ai fait un premier stage de 3ème au service com d’une entreprise. Puis dans une petite “agence” à Perpignan.
Et le “oui”, puisque je me suis aussi toujours dit que si je n’y arrivais pas dans la pub, j’irais m’engager dans l’armée de terre. Radical oui, mais heureusement pour moi au final, ça se passe plutôt bien ici.
EDGAR
Quand j’étais tout gamin, ma mère travaillait tout l’été. Je passais donc la majorité de mes vacances dans les rues de ma petite ville (les petits pâtés sont toujours pas oufs). Parmi les magasins de la ville, il y avait un coutelier qui avait un atelier. Je passais pas mal de temps là-bas, le patron avait une allure de rockeur à la retraite, roulait en Harley et avait un petit chien qui se mettait au- devant de la Harley, avec des lunettes de vitesse (c’est vraiment vrai). Il me montrait comment on fabriquait des couteaux de A à Z et je trouvais ça vraiment super cool…Du coup, je dirai sans doute ça… Vendeur de lunettes de vitesse pour chien qui monte sur des Harley.
Tu es ‘fan’ de quoi ? (hors pub)
MORGAN
Hors pub, c’est un peu difficile. J’ai toujours concentré mon parcours et mon temps libre sur cette passion. Aujourd’hui, même si c’est toujours une passion, c’est différent quand on en vit pour manger. Mais on peut citer tout ce qui se rapproche de la pub. Moi, j’adore l’expression d’une marque en général. Arriver à créer une identité à quelque chose d’immatériel et réussir à la faire s’exprimer, c’est au fond surprenant. C’est pour cela que j’aime particulièrement le branding par exemple.
Forcément, j’adore tout ce qu’il y a de créatif. Je m’efforce de voir les nouveaux comme les vieux films. Je fais quelques tatouages par-ci par-là, même si c’est surtout ma jambe qui en prend un coup pour l’instant. La cuisine aussi qui rentre dans la même catégorie créative que j’adore pratiquer et découvrir.
J’ai toujours adoré le sport. J’en ai fait beaucoup, mais surtout du rugby et de l’équitation pendant plus d’une dizaine d’années. En fait, j’aime bien les opposés.
Il y a aussi ces passions très terre-à-terre. J’adore l’histoire, la politique, la géopolitique, essayer de comprendre ce que pensent les humains et ce qui les influencent.
EDGAR
J’ai un peu une double personnalité. D’un côté, j’adore tout ce qui tourne autour de l’univers geek, les comics, tout ce qui touche de près ou de loin à la science- fiction, les mangas, etc.. J’ai du regarde Big Bang Theory en entier 2 ou 3 fois. J’ai un gros crush sur le VFX, la post prod, l’animation…
D’un autre côté, une de mes plus grandes passions est la pêche, plus précisément la pêche au harpon. Je me suis assez récemment mis à la boxe et ça a été un coup de foudre, bizarrement prendre des coups ça fait un bien fou.
Vous avez travaillé sur quoi ?
Tout ce qu’on a fait c’était en France, mais on a fait plusieurs campagnes internationales, pour l’Afrique, le Moyen-Orient, l’Europe et l’Amérique du Sud. Je ne vais pas tous les évoquer, chez Publicis il y a une trentaine de clients pour lesquels nous avons travaillés. Entre Rosa et Publicis, nous avons du Carrefour, Orange, Renault, Dacia, Skoda, Monoprix, Darty, ING, Nescafé, Acadomia, CDiscount, Century 21, Fnac, et pas mal de pitchs pour des marques rigolotes.
Parlez-nous de vos projets :
La première chose qu’on a faite c’est The Healthy Map.
Notre première idée présentée à Cannes qu’on a produite avec Jean-François Goize pour Carrefour. Si je l’aime particulièrement bien cette idée ce n’est pas forcément pour le résultat final mais pour le process de celle-ci. Pour commencer, quand on est arrivé chez Publicis Conseil, on venait de passer beaucoup de temps sur Monoprix. On se disait à ce moment-là que travailler sur Carrefour était une opportunité en or parce que plein de choses super sortaient de la grande distribution, comme chez Leclerc ou Intermarché. On voulait absolument laisser notre petite trace et faire un truc moderne et cool pour la marque. Donc au bout d’un an on a proposé une proac autour du gaming. C’était simplement de faire une carte sur Fortnite on l’on pouvait faire venir des joueurs pour qu’ils s’affrontent dans un Carrefour virtuel. Heureusement, Jean-François nous a poussés à rattacher cette idée à la stratégie de la marque. Alors on s’est souvenu qu’il y avait des fruits et des légumes pour recharger sa barre de vie sur le jeu – l’idée était toute trouvée. On a avancé dans notre coin avec une petite équipe. On a contacté Epic Games, l’éditeur de Fortnite qui nous a donné le feu vert à condition qu’on ne fasse pas d’annonce commerciale. De là, on a travaillé avec un créateur Irlandais de cartes sur Fortnite. Ça nous a permis de découvrir tout un suivi de campagne et de partir à Cannes, de quoi nous motiver encore plus.
https://carrioheusch.com/the-healthy-map
La deuxième chose : Cultural Avatars. C’est encore une activation gaming pour le coup. On baigne forcément dedans même si ce n’est pas une de mes passions. C’est juste que lorsqu’on se renseigne, c’est pour nous un des milieux qui va énormément évoluer. Où il y a le plus d’opportunités à saisir. Pour en revenir à cette activation, c’est grâce à un bon planning stratégique. Si seulement il y en avait plus des comme ça ! L’idée est venue naturellement lors du brief. Le brief étant : les jeunes Africains sont fiers de leurs cultures et entre autres de leurs cultures vestimentaires – faites une activation sur le gaming. Donc on a fait des skins (des tenues d’avatars) représentant différentes cultures africaines qui pouvaient être installées dans plusieurs jeux-vidéo. Nous avons travaillé avec des designers africains pour confectionner les tenues, que nous avons présentées pendant un des plus grands événements gaming du continent. Pour celle- ci encore nous avons eu la chance de partir à Cannes.
https://carrioheusch.com/cultural-avatars
Tu fais quelque chose en parallèle de ton métier, des projets ?
MORGAN
Avec Edgar, et seul parfois, j’interviens à Sup de Pub comme jury de compétition, présentateur des métiers créatifs et comme professeur de conception-rédaction et de book. Ça fait toujours un peu partie du monde professionnel, mais ça me permet de garder la passion de ce milieu quand je tente de la partager aux plus jeunes. À part ça, comme évoqué plus tôt, je fais des petits tatouages sur des amis et sur moi-même. C’est encore tout un monde à apprendre, mais ça me permet de reprendre le dessin.
EDGAR
Je suis un grand fan de 3d. Je fais des tous petits rikikis minis films. Je les mets sur insta et j’ai plein de likes, genre 20. En ce moment j’essaye d’avancer sur un film un peu plus long mais ça prend beaucoup de temps et je veux vraiment le sortir quand j’en serai content à 100%. C’est une espèce d’odyssée dans l’espace (y’a un trou noir) mais j’en dirai pas plus sinon je risque de spoiler mes futurs 20 likeurs.
Quel est ton meilleur et pire souvenir ?
MORGAN
Alors je m’en tiendrais à la pub sinon le choix serait immense !
Le meilleur souvenir, c’est probablement celui que j’ai eu en rentrant la première fois chez mes parents après avoir commencé Sup de Pub. Dans le train, je me suis rendu compte que je faisais enfin un truc qui me plaisait vraiment. Mais ce souvenir est en compétition avec notre premier voyage aux Cannes Lions il y a 2 ans avec Edgar. On était jeune, on découvrait cet univers.
Évidemment il y a plein de moments frustrants dans la pub quand une idée devient à force d’aller- retour quelque chose d’incompréhensible. Ou qu’une idée à laquelle on croit n’est pas vendue. C’est le métier malheureusement.
Donc pour le pire souvenir, je vais m’en tenir à quelque chose de rigolo. Pour le projet Cultural Avatars, nous sommes allés à Abidjan, où nous avons séjourné à l’Hôtel Sofitel. Jusqu’ici tout paraît bien. Sauf que même dans un hôtel 5 étoiles il faut savoir faire attention à ce qu’on mange…,nous avons passé une difficile nuit qui nous a empêché le lendemain de filmer ce pour quoi nous étions venus.
EDGAR
Mon pire souvenir : J’ai assez mal pris la séparation des Daft Punk, j’aurais bien aimé un album en plus
Mon meilleur souvenir : Je dirai voir Star Wars III au cinéma étant gamin, j’avais passé les 2h56 de film la bouche ouverte
C’est qui votre génération ? les gens qui avancent en même temps que vous.
Il y a premièrement nos bons amis Adam Chaple-Triverio et JD Marcos, respectivement chez Hungry & Foolish et Buzzman. On n’est pas amis avec eux juste parce qu’ils sont bons créas, quoique ça aide. Chez Publicis il y a tellement de beaux profils : Justine et Filip, Steven et Rick, et une jeune team que j’ai hâte de voir dans quelques années : Ana et Noa.
Sinon quand nous avons fait partie de la délégation française pour les Young Lions, nous avons découvert Marie Glotin et Gilliane Hellstern de chez BETC.
Quelles sont les pubs que tu préfères, tes classiques ?
MORGAN
Sur Culture Pub justement j’ai découvert la pub pour Three – The Pony.
J’adore les pubs qui n’ont visiblement aucun sens mais qui respire la déconne. Je la rentre dans la même catégorie que la pub Cadbury’s – Gorilla
C’est aussi un animal avec de la musique… Si un jour vous voyez une pub avec un pingouin qui danse sur du Céline Dion ne vous demandez pas d’où ça vient.
J’adore la culture publicitaire anglaise finalement, ça vient sans doute de ma mère. Elle me montrait les pubs qu’elle aimait bien aussi, et c’est là que j’ai découvert les campagnes Marmite. Depuis près de 40 ans ils ont le même concept, et pourtant ça marche toujours. C’est un rêve de pouvoir reproduire ce qu’ils font en trouvant LE bon concept pour une marque. (
EDGAR
Nike Football (animé) Risk Everything
Le bisou de Lacoste
Tide ad
Moldy Whooper
Budweiser tag words
Tu as des modèles de créatifs dans la publicité ou en dehors, des gens qui t’inspirent ?
MORGAN
Dans la publicité, il y a les classiques Ogilvy, Bernbach, Séguéla, Abbot,… Les plus récents sont Hoffman et Droga.
Chez Conseil, j’ai la chance de travailler avec des personnes très inspirantes qui impactent la pub au niveau mondial, typiquement Marco Venturelli.
En dehors de la publicité, ce seront beaucoup de réalisateurs avec Guy Ritchie en premier, Tarantino, Nolan, …
EDGAR
PUB : Dan Wieden David Droga Pancho Cassis David Ogilvy, John Hegarty, Susan Hoffman.
PAS PUB : Steven Spielberg, Quentin Tarantino, Steve Jobs, Hans Zimmer, Maxime (le patron de l’épicerie juste à côté de chez moi qui ne ferme jamais)
Tu vois quoi comme changement entre tes débuts et maintenant ?
MORGAN
Bon on est encore jeune, je viens d’avoir 26 ans, il me reste encore beaucoup de choses à apprendre. Par rapport à mes débuts, j’ai appris à me préserver. J’imagine que ça vient avec l’âge. J’avais l’habitude de faire de très courtes nuits et de bosser le week-end, que ce soit à l’école ou pour l’agence. Chez Publicis Conseil il n’y a pas trop cette culture donc ça m’a aidé dans ce sens-là. Disons que je privilégie la qualité à la quantité. Je sais et je comprends assez rapidement les attentes donc ça nous permet d’avancer très vite.
EDGAR
Ma barbe a plus poussé que prévu. Maintenant le lundi matin je traîne sur Sklum pour chercher des meubles (alors que je vis toujours avec Morgan dans un petit appart’).
Un conseil pour ‘réussir’ dans ce métier ?
MORGAN
Se trouver une team. De préférence une bonne team. Au début, il n’y a pas vraiment de secret : il faut travailler. Beaucoup. Choper de l’expérience pour que rapidement les idées glissent toutes seules. Il faut obligatoirement être curieux de tout ce qu’il se passe, parce qu’on ne sait jamais où et quand on va trouver une idée. Plus qu’être curieux, il faut sortir de sa zone de confort. Comme avec mes étudiants, je rappelle qu’un diplôme n’est pas synonyme de réussite. Plus on avance tôt dans la pub, dans la création, mieux on y arrivera. Finalement et simplement, qu’il faut se rappeler qu’on est là pour faire des trucs qu’on aime dans l’espoir que d’autres aiment aussi.
EDGAR
Être en team. Essayer d’avoir un team presque aussi bien que Momo. Ne pas oublier que c’est quand même surtout du kiff.