
Delphine Mazeau
Dir Com Ogilvy
INTRO
Campagnes publicitaires brillantes, slogans percutants… Derrière ce qui brille, il y a toujours les travailleurs de l’ombre. Ceux qui font tourner la machine, les cheffes de chantier de l’agence : les trafics.
On ne sait d’ailleurs pas toujours exactement ce qu’elles trafiquent !
Mais une chose est sûre : les trafics sont le centre névralgique, le point de convergence de tous les projets. Mi-maman mi-coach, mi-surveillant.e… les trafics jonglent avec les deadlines, chouchoutent puis rentrent dans le lard des créatifs, rassurent les commerciaux tout en mettant le holà et motivent l’ensemble des troupes.
Loin du faste, leur rôle est crucial. Les trafics orchestrent la répartition des tâches entre les différents services et assurent la cohésion des projets. Il y a 20 ans, lors de mon premier stage en agence, l’extraordinaire Muriel Nallet m’a initiée aux mystères de ce métier fascinant. Depuis, j’ai croisé la route de nombreuses trafics (que des femmes !), chacun avec sa propre approche et sa vision unique.
C’est en échangeant avec Greg l’année dernière que l’idée de cet article a germé : rendre hommage à ces virtuoses de l’ombre, ces discretes magiciennes du planning.
Car oui, « trafiquer » a quelque chose de secret et il est grand temps de lever le voile sur ces talents cachés des agences.
Les 10 trafics interviewées : Shanice Roÿs – Hungry&Foolish. / Melanie Coupey – Rosa Paris / Virginie Fruchard – DDB. / Caroline Mulot – Saatchi&Saatchi / Nassima Tsizaza. – Publicis Conseil. / Sarah Pachter – Ogilvy. / Stephanie Renoir-Mousli – VML / Caroline Laumont – TBWA / Melodie Hardy – Rosbeef / Elise Herfort – BETC
Cet article fait partie de la série orchestrée par Gregory Ferembach sur les métiers autour de la création, vous y trouverez C’est qui les RP ? et C’est qui les Planneurs ? ainsi que C’est qui les Planneurs ? #2.
« ils m’ont demandé de faire traduire leur campagne en turc pour l’envoyer au Festival d’Istanbul «
Virginie Fruchard ● DDB
Bonjour, comment tu en es arrivé à ton poste actuel ?
Je suis sortie du lycée et ai entamé un BTS Action Commerciale. J’ai ensuite intégré l’ISCOM option Chef de Pub. À la fin de la première année, il fallait faire un stage de 3 mois. J’ai commencé chez Pauline PODOLIER, acheteuse d’arts indépendante. Ça ne s’est pas très bien passé, j’ai donc changé et suis arrivé au Trafic / Achat d’Art, avec Mélanie Coupey, chez Ailleurs Exactement (à l’époque), racheté par GYRO quelques années plus tard.
À la suite de ce stage, un CDD m’a été proposé pour remplacer Mélanie qui allait partir en congés maternité. À la fin de mon contrat en 2005, j’ai candidaté chez DDB, et me voilà arrivée pour une belle et longue aventure. J’étais l’assistante et la traffic de Sylvain Thirache et Alexandre Hervé.
Je me suis absentée le temps d’une grossesse et fait un saut de puce chez We Are Social en tant qu’assistante de direction de Sandrine Plasseraud, avant de réintégrer DDB en janvier 2016
Depuis 2016, je travaille avec Alexander Kalchev, Directeur de la création, récemment devenu président.
Le 4 avril prochain, je fêterai mes 20 ans chez DDB
Ça donne quoi une journée type de trafic en agence pour toi ?
Tout d’abord un peu de contexte, car c’est différent dans chacune des agences : nous sommes 2 au traffic chez DDB aujourd’hui (fut un temps, nous étions 5)
La journée commence de bonne heure, un choix de ma part pour travailler au calme et organiser les choses avant la tempête.
Le bureau du traffic connait beaucoup de passage chez nous.
Une journée type ? pas certaine que ça existe mais dans les grandes lignes ça peut donner ça :
Ça commence par une overview de la journée de nos directeurs de création, on fait le point avec eux et on change les priorités si besoin.
Ensuite on passe en revue tous les sujets en cours et on organise ce qu’il faut pour que le taf avance : définition des urgences de la journée, ajustement des plannings de travail si nécessaire, mise en place de ressources (humaines et matérielles).
Tout au long de la journée, nous faisons face à des imprévus : créatifs malades/absents, changement de brief, date de présentation client avancée ou reculée, organisation d’un tournage à l’improviste, retard/annulation de réunions qui impliquent une cascade de modifications.
Une anecdote de métier à partager ?
Lorsque je suis arrivée chez DDB, en 2005, je pense que j’étais arrivée depuis 2 semaines, quand Veret-Sounillac (Alex & Fred de leurs prénoms) m’ont demandé de faire traduire leur campagne Stihl en turc pour l’envoyer au Festival d’Istanbul… Autant vous dire que quand je suis arrivée dans le bureau d’Alex & Sylvain pour les en informer, ils se sont bien foutus de ma gueule….
Il y en a certainement d’autres situations plus cocasses, mais je crois que c’est celle qui m’a le plus « trauma ».
Alex, Fred, je vous embrasse.
Ce métier a changé ces dernières années ?
Oui beaucoup. Chez DDB, lorsque nous étions 5 au traffic, nous assistions aux PB (réunion de présentation interne, de la création, par les créatifs, aux commerciaux). Ce qui permettait de bien suivre les sujets et de tout mettre en place pour aller jusqu’à la prez client sans encombre.
Nous mettions immédiatement en place les ressources nécessaires en comprenant les tenants et les aboutissants.
Par la force des choses, les créatifs sont devenus plus autonomes et les commerciaux plus responsables.
Aujourd’hui, nous allons moins au fond des sujets en eux-mêmes. Nous sommes plus proches des ressources humaines. Nous réfléchissons plus à une organisation globale qu’à une organisation par sujet.
Ce changement est essentiellement dû à l’arrivée du Social Media.
Ces campagnes sont à réfléchir et à sortir vite, il y a un peu ou pas de planning de travail ou de prod à respecter. Sur ces campagnes, notre rôle s’arrête quasiment à de l’attribution d’équipes.
Un conseil pour bien bosser avec vous ?
Faire preuve de bon sens, avoir une intelligence humaine, il faut être force de proposition et avoir une intelligence sur le métier. La traffic est, selon moi, la personne qui a le plus de recul sur les situations entre les créatifs et les commerciaux, qui ont tous, la tête dans le guidon.
Il faut être curieux et chercher à comprendre les volontés, objectifs et besoins de tous.
Il faut être patient, résilient et serein.
– Virginie –
« ce que j’aime dans ce métier : les connexions qui mènent à des moments de créations »
Shanice Roÿs ● Hungry&Foolish
Bonjour, quel a été ton parcours étudiant/pro ?
Salut ! J’ai fait médiation culturelle à La Sorbonne, entre les cours Simon et ma passion pour les lieux d’art, l’envie de pouvoir être moteur d’une action artistique a tout de suite grandi en moi. J’ai dès ma première année de fac monté mon asso, organisé des évènements (ou plutôt des happenings créatifs comme je disais à l’époque) où j’invitais des artistes à se produire (artiste peintre, musicien, acteurs performer) dans des lieux publics pour revendiquer l’accessibilité à l’art pour tous ! C’était génial ! J’ai terminé mes études en faisant mon stage à la galerie Lelong.
Après ce fût le moment de trouver un travail, je me suis tournée tout naturellement vers une agence d’événementiel mais très vite j’ai eu la joie d’être maman et l’event ne correspondait plus à ma vie personnelle.
Je me suis donc inscrite dans une agence de Freelance, Creative Link, et ils ont pu me conseiller et proposer un free chez BETC en tant que trafic créa. Au regard de mon parcours et de mes compétences c’était un rôle qui m’allait comme un gant !
La chance aussi, était que je le connaissais bien ce rôle et je pense que c’est là ou tu veux en venir Greg 😀
Ta mère, qui était aussi trafic, a influencé ton choix ?
Après ces quelques mois en Freelance chez BETC, la satisfaction d’avoir bien fait rouler les projets en respectant les process, avoir mis les bonnes personnes au bon moment au bon endroit à mon échelle me comblait professionnellement.
Ma maman m’a sûrement influencé, car une maman est toujours un modèle ! Mais en réalité, être trafic n’a jamais été un objectif, ce fût un concours de circonstances, on va dire et au fur à me mesure de mes expériences et rencontres cela a pu se confirmer.
Ça donne quoi une journée type de trafic en agence pour toi ?
J’organise le trafic de façon hebdomadaire donc ce sont plutôt les journées types et le jeudi, c’est Worklist Day évidemment !
Je trouve du temps pour échanger avec tous les créatifs plutôt en début de semaine et avec les commerciaux plutôt en fin de semaine pour schématiser.
Une anecdote de métier à partager ?
Ce que j’aime dans ce métier, ce sont les connexions qui mènent à des moments de créations, des moments humains. Alors c’est tout ça que j’aimerais raconter plutôt qu’une anecdote, mais j’ai quand même bien rigolé lorsqu’un j’ai pu voir un jeune DA vérifier ses spé tech avec une règle sur l’écran son ordinateur hihi.
Ce métier a changé ces dernières années ?
Le métier de trafic a totalement suivi l’évolution qu’ont connu le monde de la publicité et de la communication au sens large.
Les logiciels de planification par exemple sont tellement plus ergonomiques et plus collaboratifs. Terminé les envois de planning avec des « j’annule et remplace » sans plus finir. J’ai connu l’époque où l’on présentait les docs de prez client collés sur un kadapak 🙂
J’observe aussi depuis ces dernières années que d’un rôle réservé à l’assistanat du directeur de la création, le métier de trafic s’est élargi à l’organisation plus globale de l’entreprise. Pour répondre à une demande de rationalisation des coûts de plus en plus présente, le trafic s’est rapproché de la gestion des découpages budgétaires d’une agence. Je trouve cependant que le trafic est toujours resté une figure maternelle à la créa.
Étant un métier très féminin, c’est peut-être aussi à mettre en corrélation avec le chemin de l’émancipation de la femme ? Une trafic création qui devient directrice des opérations a tout son sens de nos jours !
Un conseil pour bien bosser avec vous ?
Bien bosser avec nous c’est bien bosser pour vous ! Mon métier : Facilitatrice !
Je pense qu’être à l’aise avec nos process et donc les respecter est une bonne piste.
Et pour tous les profils créatifs, je pense qu’une transparence sur leurs compétences, appétences et temps passés est la clef !
– Shanice –
« au-delà de « collègues de travail », ce métier crée un lien vraiment particulier avec son équipe »
Stéphanie Renoir-Mousli ● VML
Bonjour, quel a été ton parcours étudiant/pro ?
Bonjour ! Comme il n’y a pas de formation « officielle » au poste de trafic, c’est un métier qu’on apprend toujours sur le tas, pas vraiment le choix. J’ai passé un bac ES (qui n’existe plus… coup de vieux) puis j’ai fait une licence de psycho et une autre de sciences de l’éducation, avec l’idée de devenir CPE ; ce que j’ai fait par la suite pendant 5 ans dans un collège. J’ai adoré, mais j’ai eu le sentiment d’en faire le tour et d’être freinée par un système trop lourd.
J’ai donc changé radicalement de voix. Je suis devenue responsable billetterie et évènementiel d’une salle de concert à Paris. Le rythme de dingue a eu raison de moi en 2 ans. Et puis, totalement par hasard, une amie CR m’a dit qu’Havas cherchait une trafic créa. Je ne savais pas ce qu’était « une trafic créa ». Elle m’a résumé le métier par «c’est comme CPE, mais pour des grands enfants : des créatifs » (15 ans plus tard, je confirme, c’est un peu ça )
J’ai été embauchée et formée par Hugues Pinguet, ECD d’Havas 360 à l’époque. Il m’a expliqué ce qu’on attendait d’une trafic : les enjeux, les priorités, la méthodologie… Après 5 ans chez Havas 360, j’ai rejoint Olivier Apers chez BETC, 3 ans environ, où j’ai continué d’apprendre énormément. L’impression de grandir, de comprendre et d’avancer toujours plus sur des sujets chouettes et auprès de gens géniaux.
En 2018, j’ai rejoint Thomas Derouault chez JWT en tant que responsable trafic. Métier que j’ai continué à faire chez Wunderman Thompson, suite à la fusion entre JWT et Wunderman. Puis refusion, avec VMLY&R cette fois. Je suis donc désormais responsable trafic chez VML avec Adrien Mancel, Paul-Émile Raymond et Dimitri Guerassimov. En bref, je me suis formée sur le terrain, dans différentes agences, avec des gens bienveillants et qui m’ont fait confiance. C’est un métier atypique, mais qui me plait !
Ça donne quoi une journée type de trafic en agence pour toi ?
L’avantage avec ce boulot, c’est qu’aucune journée ne se ressemble vraiment. Tu peux avoir planifié la journée aux petits oignons et là, un mail et tout bouge. Il faut tout repenser en quelques heures. Donc, on est toujours un peu connectée pour réagir aux urgences, on ne décroche jamais réellement à 100%.
Tu peux commencer ta journée dès 7h du mat avec le petit message du créa qui est malade et qui devait boucler un sujet pour le soir même ; puis enchainer autour d’un café au sujet d’une présentation client avancée au dernier moment ; faire rentrer du temps qui n’existe pas pour saisir une opportunité, etc…
Bref, il faut « prévoir les imprévus » (ou en tout cas ne pas les subir). Il faut aimer jouer avec les plannings, les grosses réunions, les petites, les discussions de couloirs, les réunions qui s’éternisent ou qui s’annulent, les créas qui travaillent tous différemment, les relations avec les commerciaux, les nouveaux sujets, la gestion avec la finance… On doit être assez multitâches. C’est à la fois très technique et très humain. Une harmonie entre les process et le relationnel.
À la fin, pas de journées types, mais des journées bien remplies, pleines de surprises (plus ou moins bonnes) et d’échanges avec l’ensemble de l’agence.
Mon plus grand plaisir de la journée, c’est de participer aux éclats de rire de l’équipe créa. Comme je l’ai dit, ça reste des grands enfants et ça rend le quotidien plus léger.
En résumé, tu dois trouver des solutions rapidement pour faire en sorte que tout roule au mieux pour tout le monde. On est un peu l’huile dans les rouages ; et il faut que le moteur tourne au mieux. Petite dédicace à Valérie Maman, responsable trafic chez BETC, qui nous répétait qu’en tant que trafic, nous devions être « un facilitateur » dans le quotidien de tous. C’est vraiment ça.
Dernière chose, il existe une vraie solidarité dans le monde des trafics, un boulot à part car même s’il y a des « règles » communes, on peut faire de ce boulot ce qu’on veut et donc construire son poste en fonction de l’image qu’on s’en fait et qu’on a envie de lui donner.
Une anecdote de métier à partager ?
Une anecdote en particulier, c’est compliqué. Mes souvenirs forts sont souvent liés à des moments de vie perso, parce que parfois et c’est aussi ça qui me plaît, la barrière peut être très mince.
Je garde un souvenir fort des préparatifs de mon mariage. Mon DC de l’époque, Thomas Derouault, avait organisé (et bien complété) une cagnotte pour m’offrir le photographe de mes rêves. Les créas se sont mobilisés pour mes faire-part comme si c’était un brief pour Cannes… Et retrouver toute cette équipe à mon mariage, regroupée autour de ma belle-mère, pour la cérémonie du henné, c’était quelque chose. Très grand souvenir.
Autre anecdote, pour mes 40 ans, mon mari m’avait organisé un voyage surprise à New York. Il avait tout planifié discrètement avec la complicité de mon DC, Olivier Apers et de ma responsable trafic, Valérie Maman. Tout ça au pire moment : on était sur un énorme pitch.
Malgré ça, ils ont gardé le secret jusqu’au jour J et ont fait en sorte de re-dispatcher mon travail en complicité avec les autres trafics. Tout ça sans aucune gaffe, et sans que je ne remarque rien, donc un exploit couplé à un souvenir incroyable !
Bref, tout ça pour dire qu’au-delà de « collègues de travail », le métier de trafic permet de créer un lien vraiment particulier avec son équipe. Avoir envie d’aller au travail parce qu’on adore les gens avec qui on bosse, c’est essentiel.
Ce fut la base dans l’ensemble des agences dans lesquelles j’ai travaillé : avoir le sentiment d’être clé pour une équipe qu’on aime, en qui on a confiance et qui a confiance en vous, une bonne recette.
Ce métier a changé ces dernières années ?
Ces dernières années, la principale évolution porte sur les délais qui se sont considérablement raccourcis. On peut se retrouver à devoir gérer un gros pitch en 8-10 jours, alors qu’avant, on avait 3 semaines. Ça change la manière d’aborder et de gérer les sujets. Ce n’est pas forcément un problème, mais c’est toujours un challenge.
Autre évolution, on est beaucoup plus vigilant sur les temps passés par les créatifs sur les sujets. On organise les choses différemment pour respecter au mieux les temps vendus par rapport aux temps passés.
Un autre changement quotidien, c’est le fait qu’on n’imprime plus de board pour aller en présentation client ! C’est un vrai gain de temps, d’énergie et puis c’est plus responsable. Cerise sur le gâteau, on peut faire des modifs sur les maquettes jusqu’au dernier moment !
Dernier point, avec le temps sont apparus des outils de planification qui facilitent vraiment le quotidien d’un trafic.
Un conseil pour bien bosser avec vous ?
Rien de pire que la moitié d’info lancée au hasard d’une discussion où tu apprends que les livrables étaient pour hier : ça peut rendre dingue.
Donc, pour moi, le secret, c’est d’anticiper, de communiquer et d’être sympa. Simple, mais c’est le meilleur combo. Parce que la forme est importante, on est dans un secteur dans lequel les délais, la pression, pourraient faire qu’on en oublie l’essentiel.
Créer une relation forte avec les créas, mais aussi avec les commerciaux et les planneurs. On a tous le même but : mener à bien le projet et au mieux jusqu’à la fin. On est tous dans le même bateau, donc si je peux aider à faire en sorte qu’on arrive tous à bon port avec une belle campagne, à l’heure et sans avaries, alors, je suis la plus heureuse.
– Stéphanie –
« Mais B*****, mettez les F****** délais dans vos briefs ! »
Caroline Laumont ● TBWA
Bonjour, quel a été ton parcours étudiant/pro ?
Alors, je pourrais faire un copié/collé de ce que j’avais répondu dans « C’est qui les créas ? » en 2011 en tant que CR, mais je te fais un rapide résumé.
ESAAT (Roubaix) puis Saint-Luc (Tournai), puis BDDP&Fils (14 ans) comme conceptrice rédactrice, puis Free-Lance un peu partout dans les agences de Paris mais pas que (4 ans), puis trafic chez TBWA (depuis 4 ans).
Tu étais créas, qu’est-ce qui t’a fait changer de métier ?
Allez, pas de chichi entre nous : principalement le ras-le-bol de tout en général et de rien en particulier.
Une nuit où j’en avais plus gros sur la patate que d’habitude, je me suis souvenue que j’avais dit à mes débuts : « Quand rédac ça ne le fera plus, je ferai trafic. »
J’ai toujours aimé ce métier parce qu’il est au centre de la fourmilière et que j’ai adoré ma toute première trafic, Maggy Toso pour ne pas la citer et les suivantes aussi sauf un qui se reconnaitra ou pas. (Cœur sur Maggy, Stéphane Maurey, Elise Kubler, Marie Barbier )
Du coup, cette même nuit les planètes devaient être alignées et en tapotant trafic création dans Google, je suis tombée sur une annonce qui disait en gros « TBWA Cherche trafic »… Ah ? … J’ai appelé Faustin (DC TBWA pour ceux qui vivent dans une grotte). Je lui ai dit : tu vas trouver ça bizarre mais je postulerais bien… Qu’est-ce que tu en penses ? Il a dit « Banco mais c’est Fatira qui gère. »
…Bref, Go pour prendre rdv avec Fatira Bouaziz… Haaaaa Fatira (cœur sur son gros caractère)
Une journée type c’est quoi ?
Tu vois la musique de Benny Hill ? Bah voilà, avec moi qui cours entre mon bureau et ceux des créas et les commerciaux qui me courent après. (Cœur sur les gros mollets en feu des commerciaux)
Une anecdote de métier ?
J’ai commencé ce tout nouveau métier 10/03/2020… Une semaine après confinement pour tout le Monde… Littéralement tout le monde. Peur puis panique puis stress puis petit à petit des gens sympas de l’autre côté de l’écran (Cœur sur les gens de cette agence)
Un conseil pour bien bosser avec vous ?
Mais B*****, mettez les F****** délais dans vos briefs !
– Caroline –
« Elle m’a mis le pied à l’étrier et j’ai donné tout ce que je pouvais. »
Nassima Tsizaza ● Publicis Conseil
Bonjour, quel a été ton parcours étudiant/pro ?
Il s’avère que je n’étais pas prédestinée à la publicité du tout… J’étais perdue l’année du bac, sans soutien, repères ni conseils pour trouver ma voie : venant d’un lycée ZEP à Trappes, autant dire que personne ne cherche à t’ouvrir la voie. Avec des copines, on a découvert les écoles de commerce. Ça avait l’air génial : des programmes super larges et enrichissants, qui permettaient de s’ouvrir à plusieurs filières… Puis on a vu les prix.
Je me suis repliée vers un DUT Tech de Co, histoire de ne pas payer pendant deux ans. C’est là que j’ai commencé à entendre parler de la « com commerciale ». En tirant le fil, j’ai découvert la pub… et surtout qu’on pouvait y bosser.
Au bout de deux ans, je ne voyais toujours pas comment financer une école privée, alors je me suis tournée vers la fac la plus proche de chez moi, à Saint-Quentin-en-Yvelines, en Master Science Po et Politiques de Com. Je n’ai pas regretté, j’ai adoré avoir des cours de sociologie, de sciences politiques, ainsi que de communication institutionnelle et associative.
J’étais toujours motivée pour intégrer une agence de pub, et on m’a donné une chance avec mon premier stage chez Score DDB, anciennement Piment. Heureusement qu’une personne a cru en moi, car j’ai vite remarqué que quand on n’a pas fait Sup de Pub ou le Celsa, par exemple, on a peu de chances d’avoir sa clé d’entrée. (Merci Sandrine !!). Ce n’était pas de la pub, mais du marketing direct, et pourtant, ça m’a tellement bien formée !
A suivi mon premier CDI chez Piment. Puis, de là, je suis passée chez TBWA Paris sur Cetelem, puis chez Being (groupe TBWA toujours) sur McDonald’s. Ensuite, j’ai voulu plus de thunes et je me suis laissée séduire par Les Gros Mots en tant que directrice de clientèle. J’ai dit stop après quatre mois, c’était une très mauvaise expérience.
Ensuite Mad&Women : je partageais l’ambition et les convictions de l’agence. Ça a été une expérience particulière, pendant deux ans. Je suis tombée enceinte, partie en congé maternité… et la boîte a fermé pendant ce moment. Je n’ai jamais eu de nouvelles de la boss, elle n’en a jamais pris.
Ça m’a permis d’avoir une révélation à ce moment-là : en fait, le poste de Traffic Creation me correspondrait totalement ! Faire de la coordination, valoriser et rester proche de la création, être au cœur de l’action, et toujours en agence ! J’ai postulé et reçu les refus habituels : « Tu n’as pas fait, tu ne sauras pas faire vite. » Et encore une fois, une bonne personne m’a donné ma chance : Alexandra Chini, qui bossait en tant que Head of Traffic chez Publicis Conseil aux côtés de Marco Venturelli.
En 2020, post-Covid, dans une agence quasi vide avec le télétravail qui s’était imposé… c’était particulier de commencer dans une équipe sans voir personne ! Elle m’a mis le pied à l’étrier et j’ai donné tout ce que je pouvais. J’ai fait six mois sur divers comptes, notamment avec Frédéric Royer, puis Marco m’a remarquée et m’a fait bosser sur Renault à l’arrivée d’un nouveau client, le nouveau DG. Une vraie tornade ! J’ai bossé avec Marcelo Vergara et Gurvan Prioul. Puis, je suis passée traffic de Marco quand il a pris ses responsabilités de Chief Creative Officer de Publicis France, puis Head of Traffic de Publicis Conseil.
Il m’a fait peur à chaque fois en me nommant à ces postes avec toujours plus de responsabilités, mais c’était ce qu’il me fallait en fait : me renouveler sans cesse et me challenger ! Faire toujours de mon mieux.
C’est mon mantra.
Ça donne quoi, une journée type de traffic en agence pour toi ?
Il existe une journée type ?? J’aimerais bien savoir ce qui m’attend le matin… C’est toujours une surprise !! S’assurer que les projets avancent, trouver des solutions quand un créa a trop de boulot et ne peut pas assurer un rendu, batailler avec un commercial pour décaler ses délais, et m’excuser auprès des créatifs de leur donner autant de boulot.
Les plus grandes surprises sont celles de Marco sur les cases Cannes haha ! Ça, c’est de l’action ! On ne s’ennuie pas…
Puis j’échange beaucoup avec mon équipe traffic pour qu’on s’accompagne mutuellement, qu’on trouve des solutions ensemble sur nos sujets… et pour râler aussi, évidemment. Je fais des blagues aux créatifs quand ils sont de bonne humeur, et je parle fort dans les couloirs et l’open space.
Une anecdote de métier à partager ?
Chaque jour est une anecdote…
En vrai, j’ai tellement la mémoire courte demandez à Colasse et Kamel !.
Ce métier a changé ces dernières années ?
Je ne le pratique pas depuis longtemps, donc difficile à dire…
Mais au global, je dirais que le métier en agence a beaucoup évolué, et je pense que la difficulté pour les traffic managers est de continuer à avoir du pouvoir pour assurer des délais corrects et une charge de travail raisonnable pour les créatifs. C’est devenu quasi impossible, j’ai l’impression. On subit une pression client énorme, donc sur les délais et les attentes. Le marché est fragile, la continuité de nos clients également, donc on a peu de marge de manœuvre en agence pour jouer sur les timings et les exigences.
Je me souviens de mes traffic managers quand j’étais commerciale : ils n’acceptaient pas certains délais, et on n’avait pas le choix ! J’aimerais pouvoir le faire plus souvent pour assurer un bon flow côté créatif, mais je n’ai pas toujours les leviers pour cela.
Je me dis aussi qu’on donne peut-être plus de place aux traffic managers aujourd’hui. On est à une époque où les directeurs de création ont aussi changé de mentalité et savent se reposer sur leur traffic manager pour mieux organiser la répartition des sujets, assurer le suivi et préserver le bien-être des créatifs.
Surtout, on évolue avec le métier, avec les nouveaux médias, le nouveau jargon. On doit être réactif et comprendre très vite tous ces nouveaux changements pour s’adapter. Et comprendre ces nouvelles générations de créatifs aussi… les petits jeunes.
Un conseil pour bien bosser avec toi ?
Être naturel, franc, honnête.
Je suis à 100 % moi-même au boulot, jamais de faux-semblants, et j’aime quand mes partenaires de travail le sont aussi. Avec de l’honnêteté et de la franchise, on fait aussi preuve de bienveillance, et c’est primordial dans nos métiers humains.
Et bosseur ! Je déteste les tire-au-flanc…
– Nassima –
« il y a aussi ceux qui viennent me voir la veille : « On peut décaler le PB !!!!!! » »
Caroline Mulot ● Saatchi&Saatchi
Quel a été ton parcours étudiant/pro ?
Après un master 1 / Spécialisation management du marketing et de la communication, j’en avais marre des études et j’avais envie et besoin d’être autonome financièrement, ce qui tombait à pic puisqu’on m’a proposé un CDI après ma 1ʳᵉ année en contrat pro chez DRAFT FCB en tant que trafic junior, j’avais acquis un peu d’expérience dans le domaine de la publicité.
Comme j’avais fait précédemment plusieurs stages chez Challenger House& Léo Burnett au cours de mes études, bon souvenir, mais côté commercial moins fun, j’ai voulu donc me diriger vers la création et à cette époque : Patricia Prévet, un de mes mentors gérait le trafic, j’ai tout de suite senti que ce métier était fait pour moi, j’admirais beaucoup cette femme par son tempérament, sa justesse et son côté humain, bienveillant.
Après 2 ans, j’ai quitté DRAFTFCB et j’ai été embauchée chez Publicis Conseil où j’ai fait mes armes, nous étions plusieurs trafics, j’ai aimé cette synergie, cette dynamique, l’entraide.
L’activité était dense, nous avions chacune nos directeurs de création et c’était très formateur, j’ai pris confiance en moi durant ces années et celà m’a permis de postuler pour un poste de responsable dans une autre entité du groupe et depuis… j’y suis toujours. Avec l’évolution du groupe et les fusions entre entités, j’ai atterri depuis bientôt 8 ans chez Saatchi&Saatchi où je suis très épanouie.
Ça donne quoi une journée type de trafic en agence pour toi ?
Faire, défaire, refaire…. Blague à part, notre quotidien est très rythmé par nos relances, les changements de plannings, des demandes ou des retours clients non prévus ou non anticipés, des absences imprévues, des urgences, on doit avoir le sens de l’organisation et des priorités, on est une sorte de tour de contrôle, les journées ne se ressemblent jamais ….
Chef d’orchestre, on tente de maintenir un rythme fluide et efficace de boulot, on centralise les informations pour améliorer la productivité et la rentabilité du service création par la redistribution des sujets par budget.
Nous avons un rôle d’interface entre les équipes commerciales, créatives et les différents intervenants, on participe à la définition des plannings de production de campagnes à partir des instructions des équipes commerciales et en fonction du plan de charge des équipes de création et de production.
L’aspect humain est primordial dans notre métier.
Une anecdote de métier à partager ?
Une anecdote sans parler des perles des créatifs serait mentir, on a la partie logistique, administrative chez certains créatifs qui est comment dire …. flou, trouble, inexistante… un vrai cas pratique pour certains lorsqu’ils doivent poser des jours mais qui se pointent à l’agence, il y a aussi ceux qui viennent me voir la veille : « On peut décaler le PB !!!!!! » ( moi aussi je vous aime X&J ).
Les créatifs sont parfois sur tous les fronts, les relancer ou les aider en leur dégageant du temps lorsque c’est possible peut être un vrai casse-tête, mais c’est primordial pour le bon fonctionnement.
Ce métier a changé ces dernières années ?
Oui, je trouve que c’est un métier dont on parle un peu plus dans les écoles de com, il y a aussi des nouvelles agences indépendantes qui cherchent à recruter des trafics, il y a depuis quelques années, plus de turnover, des chasseurs de tête qui nous appellent, les dirigeants souhaitent une meilleure gestion des ressources, des talents et veulent mettre en place des vrais process avec des nouveaux challenges.
Le trafic est un métier qui fait parti intégralement d’une agence de publicité, qui apporte des solutions, si tout le monde comprend son rôle et respecte les directives, le trafic peut améliorer de façon importante la synergie qui doit exister entre la création, la production et la cellule commerciale.
Un conseil pour bien bosser avec vous ?
Avoir le sens du relationnel et de l’organisation évidemment, garder un bon esprit pour maintenir une bonne synergie à la création. Écouter, sensibiliser…et avoir un bon sens de l’humour pour mieux faire passer les demandes (rires )
Il faut entendre et comprendre les problématiques de chacuns, arbitrer et trouver des solutions et parfois trancher et imposer des règles.
L’expression « Une main de fer dans un gant de velours « résume bien (me concernant) l’état d’esprit d’une trafic, du moins ce que m’ont appris mes mentors.
– Caroline –
» Je garderai toujours en mémoire l’image de toute l’équipe hurlant de joie au moment de l’annonce »
Mélanie Coupey ● Rosa Paris
Quel a été ton parcours étudiant/pro ?
Alors difficile de résumer plus de 20 ans de carrière en quelques lignes. Donc désolée, c’est un peu long, car pour moi toutes les étapes ont été importantes puisque c’est grâce à elle que je suis la personne que je suis aujourd’hui.
Donc j’ai commencé par un Bac STT Communication puis un BTS Force de Vente en Normandie. Je suis ensuite venue à Paris pour faire une école de commerce, l’ESG. Et c’est pendant ce cursus que j’ai découvert le monde de la Publicité en réalisant un stage comme assistante chef de pub, chez Eccla à Boulogne Billancourt.
Mais très vite, je me suis aperçue que je n’avais pas une appétence pour le métier de commerciale. Je suis donc allée voir le service RH pour me conseiller et là, le verdict est tombé : « pour nous, tu es faite pour travailler au service Trafic et Achat d’Art » C’est comme ça que j’ai commencé à assister Anne-Sophie Lebrun. J’ai été très vite conquise pour ces métiers. Après 6 mois de stage, j’ai décroché mon diplôme et mon premier CDI.
Malheureusement, quelques mois plus tard, l’agence Eccla a rencontré des difficultés économiques et ne pouvait plus me garder.
J’ai ensuite décroché un CDD de 6 mois puis un CDI chez Ailleurs Exactement comme Responsable Trafic et Achat d’Art. Je suis restée 5 ans et demi dans cette agence. Ce fut une incroyable aventure, il m’en reste aujourd’hui de véritables amis.
J’ai quitté Ailleurs Exactement pour une filiale d’Ogilvy mais en tant que Responsable Trafic. Je devais faire un choix entre le Trafic et l’Achat d’Art pour accéder à une grosse agence.
Tous les matins pour aller aux locaux d’Ogilvy, je passais devant les bureaux de Publicis sur les Champs Élysées. Pour moi, c’était le graal.
Et l’incroyable arriva… Nathalie Cossart, responsable Trafic de Publicis Conseil, me téléphona pour me débaucher.
J’ai évidemment accepté de rejoindre son équipe et accepté aussi de redescendre assistante trafic pour travailler à ses côtés.
Après quelques mois, une nouvelle structure dédiée à la communication 360 fut mise en place au sein de Publicis Conseil et je suis donc devenue Trafic de cette cellule. Structure dirigée par les DC, Florent Imbert et Emmanuel Lallevé.
J’ai passé une grosse année auprès d’eux et leurs équipes.
Puis j’ai quitté Publicis Conseil pour Publicis Net – oui, on reste quand même dans le même groupe et le même immeuble ;)
Comment je suis passée de Publicis Conseil à Publicis Net ? Un jour, des bruits de couloir disaient que Publicis Net cherchait une Responsable Trafic. Je vais donc voir Pascal Nessim, le Président de Publicis Net. Il me dit : « mais tu ne connais rien au digital ! »
Je lui ai dit : « oui mais laisse-moi la chance de faire mes preuves ». Et il accepta !
Et voilà, ma grande aventure au côté de Pascal Nessim commença en 2010 et s’arrêtera en 2023 (ok j’ai fait un petit bond chez DDB où j’ai eu la chance de travailler auprès d’Alexender Kalchev)
. Donc 13 ans chez Publicis Net qui fusionnera plus tard avec Marcel. 13 ans où Marcel était ma famille, ma maison. 13 ans à travailler auprès des meilleurs.
Puis un jour, les 3 fondateurs de Rosa Paris, Gilles Fichteberg, Jean-François Sacco et Jean-Patrick Chiquiar, m’ont contacté pour me proposer une nouvelle aventure dans leur agence. Après plusieurs discussions avec eux, je décidai de quitter Marcel pour rejoindre l’équipe de Rosa Paris. Un nouveau challenge s’ouvrait à moi, une nouvelle page à écrire, des nouveaux talents à côtoyer, aujourd’hui ça fait plus d’un an et ce n’est que le début d’une nouvelle story 😉
Ça donne quoi une journée type de trafic en agence pour toi ?
Il n’y a pas vraiment de journée type au Trafic. Chaque journée est rythmée par les urgences, les nouveaux briefs, les imprévus… Tu ne sais jamais comment ta journée va se passer !
À part le jeudi, car le jeudi c’est la journée Worklist. C’est la journée où je vois tous les commerciaux, le New Biz, les CM, les responsables de compte, etc. On se fait un point sur tous les sujets en cours et les sujets à venir.
Ça permet de remettre tout à plat, de tout bien suivre et que tout soit carré. C’est une journée importante pour moi. C’est une journée où on se voit tous, une journée de partage que j’adore. J’ai même instauré un rituel : c’est la journée bonbons/gâteau pour plus de convivialité (je fais même des petits gâteaux).
Pour moi, le trafic, c’est le bureau où on vient déverser tous ses problèmes, son stress, ses angoisses, ses peurs, sa colère alors, je veux éviter les tensions inutiles – il faut donc être solide, calme, accueillant et souriant donc avec des bonbons, ça passe toujours mieux. 😉
Une anecdote de métier à partager ?
Je n’ai pas d’anecdotes de fou à raconter ou qui est racontable 😉
Mais je peux raconter mon plus beau souvenir
En 2019, j’ai eu la chance de descendre à Cannes. Anne De Maupéou, Youri Guerrasimov et Gaëtan Du Peloux ont décidé cette année-là de faire descendre la Trafic. J’étais tellement contente de cette marque de reconnaissance.
Mais en plus d’avoir eu cette chance, ce fut l’année où Marcel a gagné son premier Grand Prix. Je garderai toujours en mémoire l’image de toute l’équipe hurlant de joie au moment de l’annonce (en particulier celle de Nicolas Lévy sur le capot de la voiture hurlant de joie). Ce fut un moment magique.
Ce métier a changé ces dernières années ?
Oui, comme tous les métiers dans la Publicité.
L’évolution des supports de communication depuis des années a tout fait évoluer et on a dû s’adapter.
Mais c’est excitant finalement, car on élargit toujours nos compétences et du coup, on ne s’ennuie jamais !
Un conseil pour bien bosser avec vous ?
Déjà, il faut être honnête, ça, c’est la base.
Mais, si tu aimes :
– Rire
(j’ai toujours une anecdote à raconter et je ris très fort)
– Chanter
(oui j’adore le karaoké et oui je chante très mal).
– Manger des gâteaux
(tout le monde connaît ma passion gâteau et surtout mon fameux gâteau à la poire)
- Aller boire un verre après le travail
(pour refaire le monde, car parfois ça fait du bien)
– Faire un cours de sport sur la pause déjeuner
(car transpirer sur une musique de merde, ça crée des vrais liens)
- jouer à Tétris (car c’est devenu mon jeu préféré depuis que je suis Trafic)
Bah oui, on devrait bien bosser ensemble.
Pour finir, je dirais simplement, le conseil pour bien bosser avec moi, garde le sourire. On fait que de la Pub ;).
– Mélanie –
« on gère les demandes qui arrivent à la dernière minute et on trouve des solutions. »
Mélody Hary ● Rosbeef
Quel a été ton parcours étudiant/pro ?
J’ai une Licence d’Information et Communication faite à l’ISCEA à Angers
Puis j’ai fait 2 ans en alternance d’un HDN en Design Graphique à l’EEGP d’Angers et dans l’imprimerie de mes parents.
J’ai donc tout d’abord une formation de communication/DA.
Je suis rentrée dans le monde pro en tant que DA puis de fil en aiguille, je suis devenue responsable de Studio/Trafic.
Ça donne quoi une journée type de trafic en agence pour toi ?
Les journées sont trop courtes alors on va faire une semaine type.
Lundi ça commence par les réunions d’équipes.
Quand ce n’est pas trop speed je fais le point sur le planning de la semaine avec chaque créa.
Mardi, c’est le jour des rencontres avec des prods, presta, free si l’agenda le permet.
Mercredi, on gère le going, l’admin et le RH.
Jeudi, c’est le jour des worklists. On passe tous les comptes clients et projets en revue. On anticipe les demandes sur à minima les deux prochaines semaines tout en sachant que tout sera sûrement chamboulé le lundi.
Vendredi, on finit le planning pour la semaine à venir.
Au jour le jour, on gère les demandes qui arrivent à la dernière minute et on trouve des solutions.
Une anecdote de métier à partager ?
Je n’ai pas vraiment d’anecdote. Je suis passée par pas mal d’agences différentes. Toutes m’ont apporté des choses et j’ai essayé de leur apporter des choses aussi.
Il y a des bons et des mauvais souvenirs, mais on se souvient surtout des bons.
Je ne sais pas si c’est une anecdote, mais j’ai commencé chez Rosbeef! en tant que DA puis Responsable de Studio. Je suis restée 6 ans.
Puis je suis partie 6 ans faire un petit tour d’agences et me revoici en place depuis 2 ans.
Il paraît qu’on revient toujours là où on se sent le mieux.
Ce métier a changé ces dernières années ?
Le métier a changé, Oui.
On nous demande d’être plus au fait de la rentabilité, du moins dans les petites et moyennes structures. Il faut savoir jongler avec les chiffres et tenir des budgets. Il faut être au fait des temps passés, faire des alertes. On devient le bras droit du Directeur des Opérations et du DAF.
Mais le métier change aussi parce que les profils avec lesquels on travaille changent aussi : Des nouveaux apparaissent avec l’essor de l’IA, les créas ne sont plus spécialisés, mais multi-casquettes.
Un conseil pour bien bosser avec vous ?
Ne pas nous bypasser.
Communiquer le plus possible avec nous.
Anticiper les demandes.
Réfléchir et vérifier qu’on a tous les éléments avant de faire sa demande de ressources.
– Mélody –
« Un paquet de bonbons, un Coca Zéro bien frais, une vanne qui fait mouche, un compliment, ça marche toujours . »
Sarah Pachter ● Ogilvy
Bonjour, quel a été ton parcours étudiant/pro ?
J’ai fait un BTS puis un Bachelor à l’École supérieure de Publicité (on disait ESP : école de Sarah Pachter !) Ce qui était génial dans cette école, c’est qu’on avait cours le matin et stage l’après-midi.
Du coup, j’ai pu découvrir plein de choses très vite : une petite agence familiale où j’ai surtout trié des archives mais je ne faisais pas le café, un stage d’attachée de presse où j’ai bossé sur la promo du film de Mikaël Youn « Les 11 commandements », j’ai été assistante sur une émission de radio sur RTL où je devais lire un livre par jour pour que l’animatrice en parle le soir à l’antenne …
Et pour ma dernière année, j’ai eu la chance de faire mon alternance chez TBWA\Paris en tant que chef de pub sur le compte McDo dans les équipes de Delphine Malvy et Frank Besson. A l’époque c’était la mode de faire de la Strat quand on était commercial et moi ce n’était pas trop mon truc. Après mon alternance je me suis orientée vers une plus petite agence Les Aiguilleurs (l’agence de Dominos Pizza on reste dans la junk food !!) dans ce genre de petite structure les services sont moins cloisonnés, on fait un peu tout et j’aimais ce côté multifonctions. C’est aussi là que je commence naturellement à m’occuper de l’organisation interne.
C’est Paul Wauters Directeur de la Création chez BEING me donne ma chance et me fait confiance pour être Trafic pour de vrai alors que je n’avais encore jamais fait ce métier. Merci Paul tu as changé ma vie !! Et là, révélation : j’adore ça. Structurer, organiser, fluidifier les projets et ne plus être en direct avec les clients ! C’est exactement ce qui me correspond, je me sens à ma place au cœur de l’agence.
Puis je pars chez Proximity BBDO, je voulais découvrir le monde du CRM, du Digital et du Retail. Là-bas j’ai aussi connu les soirées agence les plus incroyables et Matthieu Elkaim. Que j’ai ensuite suivi chez Ogilvy.
Ta mère (Ariane Nahon), qui était aussi trafic, a influencé ton choix ?
Ma mère a clairement influencé mon parcours. Mais je ne pensais pas une seconde faire un jour le même métier qu’elle !!!
Depuis toute petite, j’ai baigné dans l’univers de la pub. Ma mère bossait chez RSCG, et je l’accompagnais souvent dans leurs bureaux à Issy-les-Moulineaux. Je me souviens encore des grandes passerelles, d’un mur peint avec des nuages, et même d’avoir croisé Jacques Séguéla.
En 4ᵉ, j’ai fait mon stage d’observation chez Leo Burnett, et là, j’ai eu un vrai coup de cœur pour cette ambiance de travail, et un peu parce que j’avais l’impression qu’ils s’amusaient beaucoup. Les gens étaient jeunes, cools, en baskets et sweat à capuche. Ils jouaient au babyfoot pendant des pauses interminables. Il y avait même un mec enfermé dans un bureau, qui passait son temps à fumer et à dessiner, on m’a dit « lui, c’est le roughman de l’agence ».
J’ai appris plus tard que derrière ces apparences de « job cool » c’est surtout beaucoup de travail et de pression, mais c’était déjà trop tard pour moi, j’étais déjà addict à ce boulot.
Ça donne quoi une journée type de trafic en agence pour toi ?
9h30 : Arrivée à l’agence. Petit café avec Michel, le DAF, je commence tôt la négo de freelance. Puis je croise Delphine de la Com’, elle me fait un petit debrief de la soirée de la veille, « un pot de départ de ouf, tu aurais dû rester ! »
10h : Passage chez les créas pour prendre la température. Est-ce que tout le monde va bien ? La cuite d’hier soir est-elle digérée ? Mais surtout ce que je veux savoir c’est si le deck avance bien pour le rendu du pitch ? Faut pas déconner non plus.
11h : Point New Biz, tout roule, mais il faut « juste » …
-un team Senior, mais pas cher pour un brief demain matin,
-un redac trilingue francais / chinois /suedois pour faire les adapt du pitch global le plus important de l’année
– un chef de pub, un chef de groupe et un dir cli pour aider les équipes New biz qui n’ont plus de bande passante.
12h15 : Un commercial qui débarque en mode panique : « Il me faut absolument une équipe pour 14 h, tu peux gérer ? » Bien sûr que oui, on va trouver une solution ! (À ce moment-là, je n’ai absolument aucune idée de qui va pouvoir prendre ce brief, mais ça…)
12h25 : Retour à mon bureau. J’allume des bâtons d’encens, je pose des petits cailloux, et j’ invoque les Dieux du Trafic pour résoudre ce problème urgent. Parce qu’on sait que, d’une manière ou d’une autre, ça va marcher.
13h : « je vous rejoins à la cantine, je finis un truc »
13h52: Nouvelle incantation et petit check des plannings créa.
13H55 : Miracle ! tout est sous contrôle !
14h : Brief créa.
15h : Point Team Trafic, vérification des dates de rendus, updates des sujets, organisation des plannings, jonglage intensif pour caler les PC, les PB dans les agendas surchargés de tout le monde.
16h : Point stratégique…. Sur les prochaines vacances. La pire tâche du Trafic ? Éviter que tout le monde parte en même temps pendant les ponts et jours fériés. Bref un casse-tête.
17h : Worklist avec une super team commerciale. Ils sont arrivés avec une part de gâteau au chocolat. Ils sont vraiment super !
18h : c’est calme depuis 30 minutes. Je me dis que la journée est bientôt finie, que tout est sous contrôle ! Et là le DC passe me voir et me dit « tu peux te joindre à la réunion ? On a besoin de ressources, on voudrait en parler avec toi ».
Une anecdote de métier à partager ?
Des anecdotes ? J’en ai plein, mais je ne peux pas tout dire ici… Ce que je peux dire, c’est que le métier de Trafic, c’est un vrai métier de l’ombre. Il y a beaucoup de petites victoires au quotidien, et souvent, on ne se rend pas compte que c’est grâce au travail du trafic. Tout ce que je peux vous dire, c’est que, je le savais avant vous !
Ce métier a changé ces dernières années ?
Oui et non, le métier est toujours le même, avec une plus forte pression sur l’argent, la rentabilité et les temps passés. Les timings… ça ce n’est plus la même chose. Je me souviens encore de mon tout premier brief les créas avaient 3 semaines avant le premier PB pour une adapt de film. Tout va plus vite. C’était mieux avant !!! Ça fait trop vieille de dire ça ?
Un conseil pour bien bosser avec toi ?
La corruption, évidemment ! (Rires) Un paquet de bonbons, un Coca Zero bien frais, une vanne qui fait mouche, un compliment, ça marche toujours (ayez l’air sincère quand même). Mais plus sérieusement, le vrai secret, c’est l’écoute. Comprendre les enjeux de chacun, discuter, collaborer… et éviter la patate chaude « On laisse le Trafic gérer, c’est leur problème maintenant ? ».
Pour moi, le Trafic, c’est comme la tour de contrôle d’une agence. On fait en sorte que tout le monde décolle et atterrisse sans accident. Mais pour que ça fonctionne, il faut que tout le monde joue le jeu. On est tous dans le même avion. Le trafic, c’est toujours un travail d’équipe et j’en profite pour remercier la mienne qui est extraordinaire : Mélo et Pascale #teamdulove.
– Sarah –
» J’ai rencontré des gens « dinguement talenteux » et c’était génial ! »
Elise Herfort ● BETC
Bonjour, quel a été ton parcours étudiant/pro ?
Passionnée par les Arts et l’histoire, j’ai rejoint l’école du Louvre en cours du soir après une école de communication qui n’existe plus.
La vie, et d’heureuses rencontres ont fait le reste.
Je devais avoir à peine 20 ans quand j’ai eu l’opportunité de rejoindre l’agence DevarrieuxVillaret, je ne connaissais pas le milieu de la publicité. Je ne savais pas qu’il y avait des métiers dedans. Autant vous dire que j’allais apprendre en vitesse rapide ! J’ai rencontré des gens « dinguement talenteux » et c’était génial ! Je considère qu’ils m’ont tous offert l’équivalent d’un double Master Pub & psycho.
En 2004 je rejoins BETC pour un poste de traffic. Un vrai coup de foudre pour ce métier. Je l’ai pratiqué + de 15 ans avec une chance folle de travailler avec des personnes si talentueuses, si passionnées encore une fois. J’ai appris tellement grâce à eux.
Aujourd’hui j’occupe la fonction de Creative Recruiter, toujours chez BETC. Une création de poste nécessaire pour toute agence créative et évolutive. C’est important de continuer de mélanger les genres, et je remercie Stéphane Xiberras et Rémi Babinet d’y mettre les moyens.
Ça donne quoi une journée type de trafic en agence pour toi ?
Je ne sais pas si nous pouvons parler de journée type en agence de publicité, en tout cas pas chez BETC, tant nous sommes connectés à l’actualité et au futur.
Mes priorités ont toujours été de rendre les choses possibles, de connecter tous les métiers entre eux au bon moment, de pouvoir proposer le talent le plus légitime, le plus pertinent en fonction des sujets et surtout de lui préserver / protéger un temps de travail qualitatif. Le temps est un des éléments essentiels. Une traffic se doit d’être un commerçant du temps.
Une anecdote de métier à partager ?
J’en ai 1000 dont beaucoup que je ne peux pas partager –
Mais si je dois en partager une, ce serait sans doute mon A/R à Lausanne en 2007 avec mon ami Philippe Brandt, patron du NewBiz à l’époque. Nous étions sur le pitch du CIO. Philippe et moi étions chargés de finaliser le matériel de présentation avec les créatifs à Paris puis de rejoindre le board de direction monde à Lausanne. Nous étions chargés d’environs 10 grosses vaches/sacs + quelques « goodies » dans le TGV de 6 h du mat’, un peu fatigués après quelques nuits blanches.
Seulement, pile après avoir passé la frontière, sur le point d’arriver, nous sommes contrôlés par la police ferroviaire, accompagnée de leur berger allemand pas très sympa. Ils nous informent que nous devons leur laisser notre matériel (marchandises pour eux) car non déclaré.
Perso, je m’effondre, Philippe en revanche part dans une négo dingue. Un peu de temps s’écoule, la tension est à son comble.
Nous sommes finalement autorisés à passer la frontière avec notre petit magasin ambulant …. Nous arrivons juste-juste à l’hôtel, 2 min avant départ pour aller chez le client. L’histoire se termine bien sûr au champagne au bord du lac Léman, il est 15 h, le ciel est rose !
Nous n’avons pas gagné, mais nous aurions dû, le travail était remarquable – !!!!
Ce métier a changé ces dernières années ?
Autant que le monde, autrement ce ne serait pas possible.
Un conseil pour bien bosser avec vous ?
Être passionné.é Rester dans la vérité. Préserver sa singularité, c’est ce qui fait la différence !
– Elise –
En plus de ces 10 trafics, vous pourriez aussi travailler avec :
(Pour modifier / compléter -> gferembach@gmail.com )
Publicis : Emmanuelle Niox, Justine Gentil, Géraldine Delhomme – Valérie Veber
Publicis Luxe : Laurence Meniri
Marcel : Laurene Ametowoglo
Leo Burnett : Elise Magnien
Razorfish : Guillaume Titus-Carmel
TBWA : Fatirah Bouaziz
HAVAS Paris : Eve Bussy, Giulia Clemente
VML : Cécile Couder, Sarah Zeitoun
Josianne : Virginie Vangansbeke
DDB : Sophie Toqué
BETC : Valérie Maman, Alexandra Chini, Céline Laporte – Nathalie Sanseigne – Hélène Guillaume – Anne Guillaume – Julie Guille – Chloe Amgar – Nina Kaufman – Celia Chiarotto-Dafi
Elodie Diana – Marie-Caroline Pupin – Clarisse Roussat – Constance Chauveau – Florence Bonneau – Kémi Zinsou – Anais Grelet – Laetitia Monnoir
Onirim : Muriel Nallet
Prodigious : Eva Rainjonneau
PUIG : Gina Aunidas
Dentsu : Laetitia Salvini-delordre
Australie Gad : Caroline Mazet
Les Gros Mots : Camille Doustin
Carré Noir : Emilie Turpin
TheGoodCompany : Clara Fauré
Karine Crosse
Dominique Lecaillon
Nathalie Bourdet
Amaury Monoté
Micaela Angelastro
Laura Rousseau
Patrick Ghenassia
Laura Diakhaté
Angela Rallo
Mathilde Rodriguez
Hélène Baillot Saurat
Sophie Koch
Cécile Vergoz
Zoé Pena-Gonzalez
Virginie Bergougnoux
Sandrine Barrere
Francine Byczek
Patricia Sélo
Mathilde Sigler
Cédric Michon
Anais Blain
Mélody Karasoglu
Camille Maréchal
Séverine Geley
Alexandra Chaouat
Nathaly Postel
Polet Munoz
Jade Junique
Julie Nudelman
Melissa Allio
Arianne Nahon
Nathalie Cossart
Armelle Laxionnaire
Naja Aïche