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Bonjour Chrystel, quel a été ton parcours ?

Je viens de la plus belle région de France, la Lorraine et de la plus belle ville de Lorraine, Thionville. C’est dans ces magnifiques contrées que j’ai fait un bac ES et comme je n’étais pas trop mauvaise à l’école, on m’a poussée (pour ne pas dire forcée) à faire une prépa HEC à Nancy parce que c’était la « voie royale ». J’ai détesté la prépa, j’étais en internat, on travaillait tout le temps, on avait zéro loisir. Bref, c’était l’enfer.
Heureusement, un jour, avec ma pote de chambre, on a décidé de fuguer, on a fait nos valises et on s’est barrées sans préavis. Le directeur de la prépa nous a bien rabaissées et fait clairement comprendre qu’on allait rater nos vies.
Spoiler alert : on n’a pas raté nos vies (enfin je crois). Ensuite, j’ai fait un passage éclair en Fac d’arts plastiques à Metz. Là, c’était l’inverse de la prépa, mais je n’ai pas aimé non plus (la reloue). Et l’année d’après, ENFIN, j’ai commencé une formation à LISAA Strasbourg pour devenir Directrice Artistique. Là, Alléluia, j’ai enfin kiffé. J’ai fait mon stage de fin d’études chez JWT Paris et ils m’ont embauchée en tant que DA dans la foulée.
J’ai eu la chance de rencontrer mon premier binôme en stage, Johan Tchang-Minh. On a vite formé une team et on s’est bien éclaté sur Crunch et Reporters sans Frontières notamment.

Au bout de quelques années, avec Nathan Brunstein, un super pote que j’ai rencontré à LISAA Strasbourg et qui était chez Publicis, on s’est dit qu’on formerait un bon duo. Alors il est venu chez JWT et on s’est mis en team. On n’est pas restés très longtemps là-bas, car Olivier Apers nous a contactés pour venir travailler chez BETC et on a accepté. Le souci, c’est qu’on était tous les deux DA et la question s’est vite posée de qui allait écrire les accroches, les scripts, etc. On en a discuté avec Olivier et il trouvait que je n’écrivais pas trop mal (pour une DA) et qu’en plus, en conception, je n’étais pas trop mauvaise non plus. Alors, je suis passée CR. Quelques années plus tard, Nathan a décidé de changer de vie et a quitté le monde de la pub parisienne et du coup, BETC. À ce moment-là, un nouveau DA venait d’arriver à l’agence, Romain Ducos. On a tout de suite accroché et on s’est vite mis en team. Voilà.
Maintenant je suis CR avec Romain et ACD toute seule, sur d’autres sujets en parallèle.

Depuis combien d’années travailles-tu dans le milieu de la publicité ?

Linkedin dit que ça fait 12 ans. Et au moment où j’écris cette phrase, Linkedin dit aussi que je fête ma 8ème année chez BETC.

As-tu hésité à faire de la pub, tu aurais fait quoi à la place ?

J’ai toujours rêvé d’être mannequin, mais je fais 1,58 m alors compliqué… Non, en vrai, j’ai toujours voulu travailler dans la pub. Je me souviens que petite, j’étais fascinée par les gens qui travaillaient dans la pub, dans les films et les séries. Et puis, j’adorai regarder les pubs à la télé, je trouvais que ça avait l’air marrant à faire. Ado aussi, j’ai été bercée par CulturePub. Et si je n’avais pas fait ça, franchement, je pense que j’aurais adoré être artiste peintre ou chanteuse. Heureusement pour vos yeux et vos oreilles, ce n’est pas le cas.

Tu es ‘fan’ de quoi ?

Alors clairement, de musique. C’est une pathologie, l’année dernière, j’ai écouté genre 70 000 heures de musique sur Spotify. Sinon, j’aime l’art en général, mais surtout la peinture, je fais pas mal d’expos en tous genres. Je fais aussi beaucoup de yoga depuis quelques années, mais je suis toujours aussi stressée, je ne dois pas être très douée. Je lis pas mal, des livres, mais aussi des BDs. J’aime aussi les jeux vidéo et la trentaine bien passée oblige, les jeux de société.

Tu travailles sur quels budgets, avec qui ? 

Je travaille sur des sujets assez variés. Ça va de Canal+ à Leroy Merlin en passant par EDF, Coca-Cola ou E.Leclerc. La quasi-totalité du temps, je bosse avec Romain. On travaille avec les différents DC de l’agence, surtout avec Olivier Apers, Éric Astorgue ou Stéphane Xiberras.

Parle-nous des choses que tu as faites :

Canal+ – Campagne film Les Vieux. Mon premier Lion, en film.

Leroy Merlin – Films

E.Leclerc – Film marque. C’est le premier gros film Leclerc qu’on a fait après avoir gagné la compet.

Air France La gomme à mâcher – Activation

E.Leclerc – Tournage 100% confinés. Pendant le 1er confinement, toutes les prod étaient à l’arrêt. Alors, on s’est dit que ce serait marrant de faire un film sur Microsoft Teams avec tout le monde à la maison.

Lego – Campagne d’affichage Rebuild the World

E.Leclerc – Campagne print institutonnelle

Crunch sort Norman de sa chambre. Ma première « vraie » grosse campagne. À l’époque, c’était l’une des premières campagnes avec un influenceur (le terme n’existait même pas encore). On a fait faire un tour du monde à Norman et les gens pouvaient voter pour les destinations. Ce fut hyper chouette à produire et c’est un super souvenir. En plus, on a gagné des prix.

Tu as des side projets en parallèle de ton métier ?

J’ai un compte Insta sur lequel j’écris des bêtises et un peu de poésie, ça s’appelle Le Vers Solitaire. J’écris pas mal en fait, de la poésie, des aphorismes, j’ai une idée de bouquin sur laquelle il faudrait que je bûche, mais je ne trouve jamais le temps… Aussi, j’adorerais écrire des paroles de chansons ou écrire un podcast.
Sinon, je fais aussi du collage aussi avec des ciseaux et de la colle UHU à l’ancienne. Bon d’accord, on dirait une petite vieille qui fait du patchwork, mais ça me détend. Et j’aimerais tenter de réaliser des films de pub ou autre, c’est un truc qui m’a toujours attirée. Je me suis déjà essayée à la réalisation pour le Nikon Film Festival et ça m’a beaucoup plu. En ce moment, je travaille aussi sur un petit docu-fiction avec un bon copain réalisateur ex-BETC, j’ai nommé Guillaume Palmantier.

Quel est ton meilleur et pire souvenir de pub ?

Meilleur souvenir de pub : mon premier tournage loin, c’était à Los Angeles, on avait loué une villa à Beverly Hills avec la prod (Noside RPZ) de Crunch, on était les voisins de Tom Cruise. On est allés sonner chez lui mais il ne nous a pas ouvert. En plus d’avoir fait un super tournage, on est restés super amis avec toute l’équipe. 

Pire souvenir de pub : Une machine de motion control qui est tombée en panne sur un tournage. 6h pour la réparer. Une nuit blanche dans un studio à attendre et à s’ennuyer cordialement. Il faisait super froid, l’air était méga pollué et on avait des machines à fausses neiges qui avait tourné, c’était irrespirable. Même si le film est plutôt chouette, plus JAMAIS je ne referai un film en motion control.

C’est qui ta génération de créas, ceux avec qui tu as grandi ?

J’ai grandi dans un premier temps aux côtés de Ghislain de Villoutreys, chez JWT. Je ne le remercierais jamais assez de m’avoir donné de belles opportunités créatives et de m’avoir fait confiance. Et ensuite, chez BETC, je suis arrivée dans ce qu’on appelait “La cellule Apers” à l’époque. Olivier Apers s’était entouré des créatifs en qui il croyait et on était tous assis autour de lui. Il y avait Adrian Skedenrovic, Romain Pergeaux, Lucas Bounéou, Guillaume Rebbot, Fanny Molins, Julien Deschamps, Jordan Lemarchand, j’en oublie certainement…

C’était super, ça donnait envie de faire des campagnes aussi bien que celles des copains. Avec Olivier Apers, on s’est tout de suite bien entendus, tant sur le plan créatif que sur le plan humain. C’est lui qui a immédiatement vu que je serai meilleure CR que DA et franchement, bien vu 😉 Huit ans plus tard, on bosse toujours ensemble et c’est toujours aussi cool. Et il y a évidemment Stéphane Xiberras, avec qui c’est toujours un plaisir de bosser.

Tu as des modèles de créatifs dans la publicité ou en dehors, des gens qui t’inspirent ?

Évidemment, je pourrais citer les Droga, Bernbach, Wieden, Hegarty etc. Bon ben ça y est, c’est fait.

Plus sérieusement, j’admire le travail de beaucoup de mes pairs, mais de là à dire que ce sont des modèles, pas sûre. Sinon, les gens qui m’inspirent le plus, ce sont les gens en général. Ma famille, mes amis et surtout les parfaits inconnus. J’adore observer les gens, leurs comportements, comment ils marchent, comment ils s’expriment, etc. Je pense que c’est ça, l’essence même de notre métier et que c’est comme ça qu’on trouve les meilleurs insights.

Quelles sont les pubs que tu préfères, tes classiques ?

Levi’s – When the world zig, zags

Nike – Find your greatness

Time is precious – Nike

Buenos Aires Independent Film Festival

Starbust – Acid

Puma – After Hours Athlete

Benetton Unhate

Rei – Opt Outside

Tu vois quoi comme changement entre tes débuts et maintenant ?

Comment ne pas parler des GAFAM et du Metaverse. À l’école, on ne m’a enseigné que le print et le film. Quand je suis arrivée en agence, on employait le mot “digital” à toutes les sauces, mais personne ne savait vraiment de quoi il parlait. On expérimentait, on faisait des sites à 500k €, c’était n’importe quoi, mais c’était marrant. Aujourd’hui, on est complètement tributaire de Facebook, Google, etc. Ils font des lavages de cerveaux aux clients et leur vendent tout un tas de formats digitaux et de façons de communiquer standardisées qui font qu’on a souvent tendance à oublier l’essentiel : l’idée. C’est dommage. Après, il faut vivre avec son temps et tenter de “hacker” ces formats et de rester créatif malgré tout. Une chose n’a pas changé en revanche, c’est le fait que le spot TV existe toujours. Tout le monde pensait que la télé allait mourir et non, elle est plus que jamais là.

Un conseil pour réussir quand on commence dans ce métier ?

Rester humble. Écouter les conseils des anciens. Et persévérer (parce que beaucoup de nos idées partent à la poubelle malheureusement), on peut ne rien produire pendant un moment, il ne faut pas se laisser abattre. Et aussi, s’ouvrir l’esprit, s’aérer, faire des expos, lire, aller au ciné, marcher, ne pas rester bloqué dans le microcosme publicitaire. Faire de la veille sans cesse, c’est bien, mais ça peut aussi bloquer la créativité dans le sens où, inconsciemment, on va reproduire ce qu’on a déjà vu, en un peu différent.