INTRO
Il y a ceux qui ont les idées, et ceux qui les réalisent, parmi eux, il y a les illustrateurs.
Un monde à part, qui rencontre celui de la publicité pour créer des campagnes originales, parfois primées dans des catégories sur mesure. L’illustration comme moyen d’expression publicitaire soulève des questions auprès des annonceurs. Ce n’est ni le dessin libre des enfants, ni les peintures que l’on contemple au musée. C’est un art appliqué si vaste qu’il déborde dans d’autres cases. Certains illustrateurs vous diront qu’ils sont graphistes, des artistes au sens large ou de simples dessinateurs. C’est un univers que la publicité a complètement investi et pourtant qui lui est parfois complètement étranger. Il y a des maîtres, des mouvements et de nombreux salons.
Notre rôle en tant que DA est souvent de diriger l’illustrateur, mais aussi de filtrer les demandes clients. De protéger l’artiste, de savoir respecter le processus créatif de chacun. Mais eux, qu’en pensent-ils ?
– Jenna
Jenna Haugmard est DA, dans son agence, elle a travaillé avec des dizaines d’illustrateurs. Elle partage régulièrement ses coups de cœur sur le compte insta @he_lo_ilu. Elle est aussi illustratrice, juré illu au Club des DA et au D&AD. Bref, elle est bien placée pour aller à la rencontre de ces créatifs !
Bonjour, quel est ton nom d’illustrateur ?
Bonjour ! c’est Jean André.
Tu peux te dessiner ?
Quel a été ton parcours ?
Je viens de Rodez dans l’Aveyron et j’habite à paris depuis 20 ans 🙂
J’ai fait un bac arts appliqués à Rodez, puis une année de prépa beaux-arts (qui était foirée), puis un BTS en communication visuelle à Auguste Renoir, dans le 18ᵉ et là, c’était génial ! Ensuite je me suis lancé à mon compte dans une agence de pub puis du free-lance graphiste/webdesigner. Et finalement de la DA dans la musique d’abord, puis avec des marques et finalement le tattoo en 2018 en continuant en parallèle les projets collab avec mes dessins !
C’était illustrateur ou quoi ton projet de vie ?
C’était dessinateur ou rien en fait.
J’étais méga pas ouf à l’école et j’ai eu la chance d’avoir cette option bac arts appliqués dans ma ville. J’aurais probablement fait ES puis chômeur de longue durée.
Petit, tu étais fan de qui ?
J’étais fan et ami avec Luc Aussibal qui m’a appris à peindre quand j’avais 8/10 ans. Ce fut un tournant crucial dans ma vie, car je me suis rendu compte à ce moment-là que faire ce métier était possible ! Que ce n’était pas juste un rêve de vivre de ses dessins. Après, j’avais surtout un attrait pour l’art plus classique ou la bédé
As-tu hésité à faire de la pub ?
À la fin de mon BTS mon professeur de communication qui connaissait mon appétit pour la conception m’a fortement suggéré d’aller me faire embaucher comme DA dans une agence de pub, ce que j’ai fait chez LEG, en 2007/08. J’y suis resté quelques mois, ça m’a permis de me plonger dans une profession quelques semaines après mon diplôme. Finalement les charrettes et la drogue, ce n’était pas mon truc, mais j’ai passé de super moments !
Est-ce qu’il y a des projets tattoo que tu refuserais de travailler ?
Je n’aime pas tellement dessiner des armes. Les couteaux à la limite, il y a un côté plus romantique, années 50. Je suis de moins en moins à l’aise avec les pinups qui étaient ma marque de fabrique il y a quelques années qui aujourd’hui me semblent compliquées à faire évoluer.
Parle-nous d’un projet dont tu es fier :
Concernant les tatouages, ce sont sans doute les projets liés au deuil. Ma maman travaille dans les soins palliatifs et l’accompagnement de la fin de vie et c’est un sujet qui me touche beaucoup. Le tatouage a toujours été une façon de garder un souvenir sur soi à jamais et j’aime mettre mon expérience au service des gens qui en ont besoin.
Quel est ton outil de prédilection ?
L’encre de Chine clairement pour mes projets personnels, artistiques et pour le quotidien de dessinateur de tattoos, c’est bien sur l’iPad, car on n’est plus sur un travail de rendu visuel, mais sur un dessin technique.
C’est quoi la pire chose à demander ?
- De reproduire le tatouage de quelqu’un
- De tatouer le motif dans son sens pour pouvoir le lire (sur le poignet)
- De mélanger 10 idées différentes dans un même tattoo
- De tatouer les cotes ou les côtés des doigts
- Un tattoo de moins d’1 cm
C’est quoi le brief idéal ?
C’est la carte blanche pour moi. Avec un client qui a des choses à raconter et qui aime mon travail 🙂
Qui sont les dessinateurs et dessinatrices de tattoo que tu admires ?
Mes partenaires de bon jour tattoo club :
@terlytattoo
@jeansaid1984
@vlada.march
Puis dans les autres y’a @Toto_le_voyou
@Pisatche
@lugosis
@buoythefishlover
@yvan.mess
@samueleckert
@cool_piga
@muretz
@cedricderodot_tattoo et bien d’autres…
Et enfin, un conseil aux autres pour ‘prendre du plaisir’ dans son métier ?
Moi, je prends du plaisir au contact des gens. Le dessin et le tattoo c’est un prétexte à réfléchir à une demande qui a besoin d’une solution.
Donc pour ma part, échanger avec le client pour essayer de trouver le design parfait, c’est mon kink dans mon boulot. Le reste, c’est du gras
Merci !
L’instagram de Jean André :